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Le peintre français Bernard Frize laisse les peintures s'écouler et se mélanger sur une toile sur laquelle le visiteur verra un vertigineux paysage de montagne: une exposition au Centre Pompidou restitue la singularité d'un artiste qui se plie aux aléas de la matière.
"Rami", la toile en question, est emblématique d'une oeuvre dont les formes sont dépendantes de caractéristiques technologiques: liquidité, quantité de peinture, angle du plan sur lequel elle coule.
Une soixantaine d’oeuvres, des débuts en 1977 aux créations les plus récentes, jalonne l'exposition "Sans repentir" (jusqu'au 26 août) où l'artiste explore de nouvelles voies picturales tout en semblant se complaire à brouiller les pistes. Six thèmes en structurent le parcours: Avec déraison, Sans effort, Avec système, Sans système, Avec maîtrise, Sans arrêt.
Plus de 15 ans après sa dernière exposition en France au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Bernard Frize propose au Centre Pompidou ce parcours sans direction, ni hiérarchie, en rupture avec l’approche sérielle pour laquelle il est d'abord connu.
Âgé de 64 ans, l'artiste qui vit entre Paris et Berlin a étroitement collaboré à l'exposition. Il continue d’interroger le rôle du peintre. Ses tableaux, assure-t-il, ne sont pas l'expression d'un "moi créateur" mais relèvent de l’application d’un processus technique, parfois loufoque et souvent absurde. En utilisant par exemple un "roulor" qui orne intégralement et en un geste la surface d’une toile.
"Au lieu de décrire un monde sans raison, j’ai décrit un monde dont on cherche la raison. C’est pour cela que je l’ai fait comme un moine qui s’applique à répéter les traits horizontaux et verticaux", a écrit le peintre.
"Emir", "Piso", "Oma", d'autres toiles encore: des toiles étranges et profondes qu'il faut prendre le temps de découvrir et qui jouent de leurs croisements géométriques et de leurs effets d'optique...
jlv/alu/it