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La Première ministre britannique, Theresa May, a cherché lundi à désamorcer la grogne de sa majorité sur sa stratégie dans les négociations du Brexit en présentant au Parlement son plan pour sortir de l'impasse sur la question de la frontière irlandaise.
A cinq mois du divorce avec l'UE, prévu le 29 mars 2019, la cheffe du gouvernement a affirmé que "95 % de l'accord de retrait" était maintenant réglé, mais qu'il restait un point de désaccord "considérable", sur la manière d’empêcher le retour d'une frontière dure entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande.
"Nous devons explorer toutes les options possibles pour sortir de l'impasse, et c'est ce que je fais", a déclaré Theresa May.
Londres et Bruxelles veulent éviter le rétablissement d'une frontière physique afin de préserver les accords de paix de 1998 en Irlande du Nord, sans parvenir à s'accorder sur la manière d'y parvenir.
L'UE a proposé de maintenir l'Irlande du Nord dans le marché unique et l'union douanière européenne si aucune autre solution n'était trouvée en décembre 2020, à la fin de la période de transition.
Ce scénario du "backstop" (ou filet de sécurité) est rejeté par la dirigeante britannique, qui a exposé un plan alternatif en quatre points, réitérant devant les députés les propositions qui avaient été adressées à ses homologues européens réunis jeudi à Bruxelles pour un sommet.
Theresa May souhaite qu'un accord douanier liant l'UE à l'ensemble du Royaume-Uni, et pas seulement l'Irlande du Nord, puisse être établi jusqu'à la signature d'un accord de libre-échange plus large.
A la fin de la période de transition, si aucune solution définitive n'était apparue, le Royaume-Uni procèderait alors à "un choix souverain" entre une extension de la période de transition, ou la mise en place de ce nouvel accord douanier, a-t-elle détaillé.
Quelle que soit la solution adoptée, celle-ci serait temporaire. "Nous ne pourrions être maintenus indéfiniment dans l'un ou l'autre de ces arrangements", a-t-elle martelé.
- Vote de défiance ? -
Elle a enfin tenté de rassurer son allié, le petit parti nord-irlandais DUP, dont le soutien est indispensable pour lui assurer la majorité absolue au Parlement, en affirmant que les entreprises nord-irlandaises disposeraient d'un "accès complet et continu à l'ensemble du marché intérieur britannique".
Sa stratégie lui a jusqu'ici valu les foudres des Brexiters, partisans d'une rupture nette et rapide avec l'UE. Ils rejettent toute prolongation de la période de transition, pendant laquelle le Royaume-Uni devra respecter les règles européennes sans pouvoir participer à la prise de décision.
Ils craignent également qu'un alignement au-delà de la période de transition ne devienne permanent et empêche le Royaume-Uni de conclure des accords commerciaux avec des pays tiers après le Brexit.
Selon la presse, la menace d'un vote de défiance plane et Mme May a été invitée à venir s'expliquer mercredi soir devant le Comité responsable de l'organisation interne des Tories et du déclenchement d'un tel vote. Rien ne garantit qu'elle s'y rendra.
Le DUP a lui menacé le gouvernement de lui retirer son soutien lors du vote du budget le 29 octobre si l'Irlande du Nord n'a pas le même sort que le reste du pays. Et quelque 41 députés conservateurs pourraient soutenir un amendement cette semaine empêchant l'instauration de barrières entre l'Irlande du Nord et le reste du pays sans l'accord de l'assemblée régionale.
Cible de critiques particulièrement violentes au cours du week-end,alors que son leadership est constamment remis en cause dans son parti, Theresa May a de nouveau devant le parlement séparé son avenir personnel de l'évolution des négociations.
"Les négociations sur le Brexit ne portent pas sur moi ou mon sort personnel. Il s'agit de l'intérêt national. Et cela implique de faire les bons choix, pas les choix les plus faciles", avait-elle déjà déclaré au tabloïd Sun paru lundi.
bur-apz/fb/avz