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Carburants: réunion à Matignon avant une mobilisation qui inquiète l'exécutif

A cinq jours de la journée de mobilisation des "gilets jaunes" contre la hausse des prix des carburants qui inquiète l'exécutif, une partie du gouvernement a planché lundi à Matignon pour finaliser les mesures d'"accompagnement".

Plusieurs ministres étaient présents autour du Premier ministre Edouard Philippe: Bruno Le Maire (Economie), François de Rugy (Transition écologique), Gérald Darmanin (Comptes Publics) et Elisabeth Borne (Transports), a précisé Matignon.

Selon une source proche des discussions, des décisions (renforcement de la prime à la conversion, élargissement du chèque énergie,...) devraient être officialisées au plus tard d'ici mercredi, jour de Conseil des ministres.

Ces annonces doivent servir à baisser la tension avant la journée de blocage des routes prévue samedi dont l'ampleur reste difficile à mesurer mais qui préoccupe fortement le gouvernement.

Vendredi, lors de son périple mémoriel, le président Emmanuel Macron avait lui-même souligné le risque d'une coagulation des mécontentements pouvant déboucher sur un mouvement plus large. "Je me méfie toujours de ces mouvements où on mélange tout", avait-il lancé aux clients d'un bar PMU où il avait fait étape.

Le gouvernement "craint" aussi pour "la sécurité des personnes", a indiqué lundi la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, rappelant que les "gilets jaunes" n'étaient pas une organisation "structurée".

"Lorsque ce sont des grèves et des manifestations, il y a des gens responsables qui permettent de faire que ceux qui manifestent soient en sécurité", a expliqué la ministre sur le plateau de Public Sénat. "Là, nous ne sommes pas sûrs, il faut quand même que les personnes soient protégées et on ne sait pas ce qui va se passer parce que c'est plutôt des extrêmes qui s'en saisissent politiquement", a-t-elle averti.

Le mouvement des "gilets jaunes" a reçu le soutien de plusieurs partis d’opposition, du Rassemblement national de Marine Le Pen à la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon en passant par Les Républicains de Laurent Wauquiez qui participera lui-même à une manifestation samedi dans son département de Haute-Loire.

"Il faut que le gouvernement entende les Français" et renonce à la hausse de ces taxes sur les carburants "très injustes", a déclaré lundi Marine Le Pen, qui estime que le mouvement "peut se prolonger" même s'il elle-même ne manifestera pas samedi.

- "Récupération politique" -

Selon des sources proches du dossier, plusieurs mesures ont été mises sur la table à Matignon pour apaiser la colère. Mais l'idée d'un chèque carburant, réclamée notamment par LR, apparaît écartée par Matignon.

Selon ces sources, la prime à la conversion des vieux véhicules, l'ex-"prime à la casse", devrait être renforcée: comme l'avait évoqué Édouard Philippe, l'exécutif pourrait s'engager à en financer jusqu'à près d'un million d'ici 2022, au lieu des 500.000 actuellement prévus.

La prime à la conversion pourrait également être facilitée pour les "gros rouleurs", même quand leurs voitures ne sont pas aussi vieilles que l'exige le dispositif. Quant aux aides pour les carburants, comme dans les Hauts-de-France, elles seraient défiscalisées.

Conformément au souhait de M. Macron, le chèque énergie, une aide de 150 et bientôt 200 euros pour payer les factures d'énergie, devrait être élargi à six millions de foyers, soit environ 20% des Français, contre quatre millions actuellement.

Enfin, toujours selon ces sources proches du dossier, l'exécutif pourrait avancer à janvier 2019 la mise en place prévue du forfait versé par l'employeur aux employés se rendant sur leur lieu de travail en covoiturage (200 euros).

"On s'occupe des Français pour qui c'est difficile d'aller bosser le matin et auquel nous allons proposer des solutions dès cette semaine", a expliqué lundi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux sur Europe 1, en dénonçant une nouvelle fois "ceux qui seront tentés de faire de la récupération politique".

La forte baisse des carburants observée la semaine dernière, dans le sillage des cours mondiaux, pourrait aider le gouvernement.

Mais Yannick Jadot, tête de liste écologiste (EELV) pour les européennes, a, lui, regretté que "ce gouvernement malheureusement déroule le tapis rouge aux constructeurs automobiles pour ne rien leur imposer".

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