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Cathay Pacific sous le feu des critiques après une fuite de données massive

Cathay Pacific était jeudi sous le feu des critiques après l'annonce très tardive d'une fuite massive de données au sein de ses fichiers qui pourrait toucher jusqu'à 9,4 millions de passagers et a fait plonger son action.

La compagnie aérienne hongkongaise a indiqué mercredi avoir découvert en mars des activités suspectes et eu la confirmation début mai que des personnes non autorisées avaient eu accès à ses données confidentielles.

Cependant, le responsable de la clientèle et des activités commerciales du groupe, Paul Loo, a expliqué que la direction avait souhaité être en mesure de se faire une idée très précise de la situation avant d'annoncer la fuite afin d'éviter "un mouvement de panique non nécessaire".

La nouvelle a cependant été très mal reçue par les investisseurs puisque l'action de la compagnie a perdu jeudi matin en séance jusqu'à 6,50%, touchant son niveau le plus bas en neuf ans à la Bourse de Hong Kong. Le titre a clôturé sur une baisse de 3,77%.

Des responsables de l'ex-colonie britannique ont fustigé l'attitude de la compagnie aérienne, en estimant que sa communication ne faisait qu'accroître les inquiétudes.

"Ce n'est pas à eux de décider s'il faut ou non paniquer, c'est aux victimes de le faire. Ce n'est pas du tout une bonne explication pour justifier le retard" de l'annonce, a déclaré Charles Mok, un élu du Conseil législatif (LegCo), le "Parlement" hongkongais.

Sa collègue Elizabeth Quat a estimé que le retard de l'annonce était "inacceptable", parce qu'il signifiait que les clients souhaitant prendre des mesures pour protéger leurs données personnelles avaient perdu cinq mois.

- 860.000 numéros de passeports -

La compagnie aérienne a fait état d'accès irréguliers aux numéros de 860.000 passeports, de 245.000 cartes d'identité hongkongaises, de 403 cartes de crédit expirées et de 27 cartes sans leur cryptogramme.

Parmi les données qui ont été accessibles, figurent le nom du passager, la nationalité, la date de naissance, le numéro de téléphone, l'e-mail, l'adresse, le numéro de carte de fidélité, les remarques au services clients ou encore l'historique des informations de voyage.

"Nous n'avons pas de preuve que des données personnelles aient été détournées", avait toutefois souligné mercredi le patron de Cathay Pacific, Rupert Hogg, dans un communiqué. "Aucun compte particulier ou programme de fidélité n'a pu être consulté dans sa totalité, et aucun mot de passe n'a été compromis."

Mais Charles Mok a estimé que l'opinion publique devait savoir comment la compagnie pouvait prouver de telles affirmations. "Ce genre de communiqué ne donne certainement pas aux gens la conviction absolue qu'ils sont en sécurité, et il ne signifie pas que certaines des données ne seront pas un jour utilisées de façon illicite", a-t-il dit à l'AFP.

Il a relevé que dans l'Union européenne, le nouveau règlement sur la protection des données (RGPD) entré en vigueur le 25 mai exigeait des entreprises qu'elles notifient sous 72 heures toute violation des données personnelles qu'elles détiennent, si cette violation entraînait un risque pour les droits et libertés des personnes concernées.

Le commissaire hongkongais à la protection de la vie privée, Stephen Wong, a fait part dans un communiqué de "fortes préoccupations" au sujet de la fuite au sein de Cathay, en précisant que son bureau lancerait des contrôles auprès de la compagnie.

Cathay a indiqué avoir lancé une enquête et alerté la police après qu'un processus informatique a révélé un accès non autorisé à des systèmes comprenant les données de 9,4 millions personnes au maximum.

"Nous sommes en train de contacter les passagers concernés, en utilisant de multiples moyens de communication, et de les informer des mesures qu'ils peuvent prendre pour se protéger", avait indiqué mercredi M. Hogg.

Cette fuite intervient alors que la compagnie aérienne, en difficulté, est confrontée à la pression de concurrents chinois à plus bas coût et de rivaux du Moyen-Orient.

La société a connu pour la première fois en mars deux années consécutives de pertes en 71 ans d'histoire. Elle avait annoncé en mai 2017 la suppression de 600 emplois, dont un quart de cadres.

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