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Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a mis en garde mercredi Rome contre le risque que la Chine profite de la technologie mobile 5G "pour renforcer son pouvoir", ce à quoi son homologue italien Luigi Di Maio a répondu que l'Italie était en sécurité.
Le secrétaire d'Etat américain a affirmé en avoir discuté mardi dès son arrivée avec le président italien Sergio Mattarella ainsi qu'avec le Premier ministre Giuseppe Conte, et mercredi avec M. Di Maio.
"Si la Chine est disposée à une compétition sur une base saine, alors tout va bien. Mais quand le Parti communiste apparaît pour faire un investissement servant à renforcer son pouvoir politique ou menacer la sécurité d'une nation, il faut la protéger", a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec M. Di Maio.
Parlant d'une "approche prédatrice de la Chine dans ses investissements", il a assuré qu'il s'agit de "craintes partagées" par les Etats-Unis et l'Italie, dont il est "certain qu'elle fera attention car elle est désireuse de protéger les données de ses entreprises et de sa population".
Le géant chinois de la téléphonie Huawei, que Washington accuse d'espionnage pour le compte de Pékin, s'est dit prêt en juillet à investir 3,1 milliards de dollars (2,75 milliards d'euros) d'ici 2021 en Italie, créant ainsi 3.000 emplois.
Luigi Di Maio a de son côté assuré que l'Italie était "l'un des pays les plus avancés en matière de sécurité de la 5G".
L'Italie a récemment mis en place le "golden power", un pouvoir spécial qui permet au gouvernement de vérifier qu'il n'y a pas de danger pour la sécurité nationale. En outre, une loi entrée en vigueur récemment encadre la cybersécurité, avec notamment la mise en place d'un comité "qui vérifiera la sécurité de tous les systèmes".
Le jeune ministre, chef du Mouvement 5 Etoiles (M5S, populiste), a appelé à "faire la distinction entre les accords commerciaux" conclus par l'Italie avec Pékin, et "les préoccupations pour les infrastructures stratégiques", estimant que la coopération avec les Etats-Unis va être "renforcée" sur ce point.
En mars 2019, Pékin et Rome ont signé un protocole d'accord "non contraignant" scellant l'entrée de l'Italie dans les "nouvelles routes de la soie", malgré les inquiétude exprimées par Bruxelles et Washington. Elle a été le premier pays du G7 à intégrer ce projet pharaonique d'infrastructures maritimes et terrestres lancé par Pékin en 2013.
"Nous sommes alliés des Etats-Unis et nous partageons leurs préoccupations sur des questions comme la 5G", a souligné M. Di Maio. "Nous ne participerons pas à des accords commerciaux pouvant entamer la souveraineté de notre pays", a-t-il garanti à son interlocuteur, assurant que tout se fait dans le respect "des règles et principes en vigueur en Europe".