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Deux équipes NBA ont disputé comme prévu jeudi soir à Shanghai un match d'exhibition devant des Chinois enthousiastes, malgré l'actuelle crise entre la ligue nord-américaine de basket et la Chine, née d'un tweet polémique sur Hong Kong.
Le doute planait sur cette rencontre perdue (111-114) par les Los Angeles Lakers de la superstar LeBron James face aux Brooklyn Nets. Mais elle avait été maintenue et s'est finalement déroulée sans incident.
La crise entre la Chine et la NBA avait commencé vendredi après un tweet du directeur général de la franchise texane des Houston Rockets, Daryl Morey, qui exprimait un soutien aux manifestants hongkongais.
Hong Kong est une ex-colonie britannique rendue à la Chine en 1997 et désormais territoire autonome. Depuis juin, des manifestants parfois violents exigent davantage d'autonomie face à la mainmise jugée grandissante de Pékin.
Le gouvernement central et de nombreux internautes chinois ont exprimé leur mécontentement après le tweet, perçu comme une ingérence étrangère et un défi à l'intégrité territoriale du pays.
Devant la salle Mercedes-Benz Arena, où se déroulait la rencontre Lakers-Nets, un Chinois tenait ainsi une bannière rouge sur laquelle était écrit en lettres jaunes et en anglais: "Morey, va te faire foutre".
Mais à l'intérieur, le match s'est tenu sous forte présence policière et dans une ambiance festive. De nombreux fans étaient vêtus de maillots NBA et acclamaient leurs idoles -- dans un pays où le basket est le sport roi.
- 'J'en transpire' -
"Je suis super excité, je peux enfin voir la superstar que je rêvais de voir, LeBron James", explique à l'AFP Cai Zhicong, un spectateur. "J'en transpire des mains", ajoute-t-il.
La tenue du match est une petite surprise, après l'annulation cette semaine d'une série d'événements NBA prévus en Chine, et le décrochage à Shanghai d'affiches vantant la rencontre Lakers-Nets.
Mais la ligue nord-américaine de basket avait confirmé jeudi après-midi que le match aurait bien lieu.
Un représentant de la NBA a également indiqué à l'AFP qu'une autre rencontre entre les deux franchises était toujours maintenue samedi à Shenzhen (sud de la Chine).
Signe de la sensibilité de l'affaire, les conférences de presse d'avant et d'après-match ont été annulées jeudi. Et les hymnes nationaux n'ont pas été joués, peut-être pour éviter d'éventuelles huées pour celui des Etats-Unis.
La télévision publique chinoise CCTV avait annulé la diffusion de cette rencontre et de celle prévue samedi. Et des sponsors chinois ont annoncé avoir coupé leurs liens avec la NBA.
Au début de la crise, la ligue nord-américaine de basket avait indiqué dans un communiqué être "profondément déçue par les remarques inappropriées" du dirigeant des Rockets.
Mais l'institution, fustigée par des élus américains pour ces propos semblant donner raison à Pékin, a ensuite déclaré mardi, par la voix de son patron Adam Silver, qu'elle ne s'excuserait pas et continuerait à soutenir "la liberté d'expression".
- Drapeaux gratuits -
Pour ajouter à la pression, un groupe de huit parlementaires américains a demandé mercredi à la NBA, dans une lettre ouverte, de suspendre toutes ses activités en Chine, jusqu'à ce que les diffuseurs et entreprises chinoises renoncent à leur boycott.
A l'extérieur de la Mercedes-Benz Arena jeudi soir, des personnes offraient de petits drapeaux chinois aux spectateurs arrivant sur les lieux.
"Il est nécessaire d'exprimer notre amour pour notre pays", avait expliqué à l'AFP M. Xiong, qui s'est présenté comme un "fan de basket" et espérait distribuer 10.000 de ces drapeaux.
Si le doute persiste encore sur le match de samedi, une suspension de la diffusion de la saison de NBA en Chine n'est pas à l'ordre du jour.
Une telle décision serait difficile à prendre pour le Parti communiste chinois (PCC): elle pourrait lui aliéner une partie de la population, la NBA étant probablement le championnat sportif le plus suivi dans le pays.
La mobilisation à Hong Kong donne lieu à des affrontements de plus en plus violents et récurrents entre forces de l'ordre et manifestants radicaux.
Mercredi, Apple s'est retrouvé dans le viseur du Quotidien du peuple, le principal journal du PCC, au sujet d'une application controversée qui permettait aux protestataires hongkongais de localiser les policiers sur une carte.
Le géant américain a vite répondu aux critiques et a retiré jeudi l'application incriminée.