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Christian Jacob a été élu dimanche président des Républicains, devenant à cinq mois des municipales le patron d'un parti en crise profonde après deux années de délitement.
Le chef de file des députés LR, qui faisait figure de grand favori, l'a emporté dès le premier tour avec 62,58% des voix contre 21,28% au député souverainiste du Vaucluse Julien Aubert et 16,14% au plus libéral Guillaume Larrivé, député de l'Yonne.
La participation a été plus forte que prévue puisque 62.401 adhérents à jour de leur cotisation ont voté, soit 47% de participation.
A titre de comparaison, en 2017, la participation avait atteint 42,46% lorsque Laurent Wauquiez avait été élu avec près de 75% des voix. LR comptait alors 235.000 adhérents, 100.000 de plus qu'aujourd'hui.
Cette mobilisation devrait asseoir la légitimité de M. Jacob, même s'il est déjà acquis qu'il ne se présentera pas à la présidentielle de 2022.
"Les Républicains ne rependront leur place de grand parti de droite populaire et ouvert que s'ils renouent avec la promesse du rassemblement", a assuré M. Jacob. Opposé au système des primaires, il a, depuis le siège du parti à Paris, appelé sa famille politique à mettre "de côté" les querelles d'ego.
Félicitant ses concurrents, M. Jacob a assuré qu'ils auraient "évidement toute leur place dans l'équipe dirigeante" à venir.
"Je continuerai, au sein des Républicains et à Oser La France, à défendre nos valeurs pour une Droite patriote, républicaine et sociale. L'aventure continue!" a réagi M. Aubert sur Twitter, tandis que M. Larrivé promettait de continuer "à tracer une voie, en homme libre de défendre (ses) convictions".
La victoire de M. Jacob a été saluée dans les rangs républicains qui n'ont pas caché l'ampleur de la tache: "victoire du rassemblement dans la clarté et la fidélité à nos valeurs" a estimé le député Eric Ciotti, tandis que Bruno Retailleau lançait: "Et maintenant, au travail!"
"La tâche est immense, nous serons à ses côtés pour engager le redressement de notre mouvement", a assuré le président du Sénat Gérard Larcher.
- "Projet d'alternance au macronisme"-
M. Jacob, 59 ans, trois fois ministre, et qui revendique de son passé d'agriculteur un "bon sens paysan", devra en effet reconstruire un parti, héritier de l'UMP, mais qui a accumulé les revers : défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2012, éviction historique du deuxième tour à celle de 2017, jusqu'à la gifle de 8,5% aux européennes de mai, qui a provoqué la démission de Laurent Wauquiez et précipité cette élection interne.
Le nouveau président devra trouver une voie dans un espace politique réduit: d'un côté la République en marche, qui s'attaque à des thèmes régaliens marqueurs de la droite, et de l'autre, l'extrême-droite où l'on prône le rapprochement.
M. Jacob a promis un "projet d'alternance au macronisme" autour de "quelques valeurs fortes", telles que "restaurer l'autorité de l'État", "lutter contre une forme de délitement de la cohésion nationale et le poison du communautarisme et de l'immigration incontrôlée", et "combattre la paupérisation des classes moyennes et des retraités".
Pour le parti, le premier rendez-vous sera les municipales de mars, "moment de vérité entre le lepenisme et le macronisme d'un côté, et nous de l'autre", a ajouté M. Jacob, en promettant que cela se ferait "dans la clarté et sans compromission, en étant fiers de nos valeurs".
Pour LR, il faut aussi, à l'approche des municipales, stopper l'hémorragie qui a vu partir Valérie Pécresse et Xavier Bertrand.
"Christian Jacob est celui qui peut, par sa personnalité, par une certaine sagesse mais aussi une certaine hauteur de vue, convaincre Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, des gens qui ont énormément de valeur, de revenir travailler avec nous pour reconstruire le parti", a estimé avant la clôture du scrutin le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau.
Il y a urgence. Dimanche, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a affirmé qu'il allait "évidemment" quitter LR. Et vendredi, c'est le sénateur de l'Hérault Jean-Pierre Grand qui avait claqué la porte du parti.