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Christophe Ruggia, accusé par l'actrice Adèle Haenel d'"attouchements" et de "harcèlement", est un cinéaste peu connu du grand public qui s'est surtout manifesté ces dernières années par son engagement en faveur des réfugiés et des sans-papiers.
En 2015, il est avec Catherine Corsini, Pascale Ferran, et Romain Goupil à l'origine de l'"appel de Calais" rassemblant 800 artistes et intellectuels. Il s'est mobilisé également la même année pour les familles syriennes qui campaient à la porte de Saint-Ouen. Et en 2016, il signait une pétition de cinéastes s'indignant de la situation des Roms de Montreuil.
A 54 ans, Ruggia a réalisé trois longs-métrages, dont "Les Diables" (2002), dans lequel Adèle, alors âgée de 13 ans, incarne une fillette autiste qui ne supporte pas d'être touchée et, qui abandonnée avec son frère à la naissance, fugue sans arrêt pour retrouver ses parents.
C'est notamment durant le tournage de ce film que l'actrice aujourd'hui âgée de 30 ans dit avoir subi un "harcèlement sexuel permanent", des "attouchements" répétés et des "baisers forcés dans le cou" de la part du réalisateur, qui nie les faits mais qui a reconnu mercredi l'"erreur" d'avoir joué "les pygmalions".
Fils d'une Bretonne et d'un père pied-noir qui meurt accidentellement lors d'un voyage en Algérie alors qu'il n'avait que sept ans, Christophe Ruggia est né le 7 janvier 1965 à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, avant de grandir en région marseillaise.
Diplômé du Conservatoire libre du cinéma français, il tourne plusieurs courts métrages dont "Sovè l'anmou" (1991) dans le cadre de la campagne pour la lutte contre le sida aux Antilles.
En 1988, il fonde une société de production, cristal inn production, avec laquelle il va produire différents courts-métrages mais elle est mise en cessation d’activité en 1994.
Il rencontre le succès avec son premier long métrage "Le Gone du Chaâba" (1997), une adaptation du roman autobiographique d'Azouz Begag, chercheur devenu par la suite ministre.
Le film aborde la question des immigrés et de la xénophobie avec le parcours d'un garçon ayant fui avec sa famille la pauvreté et la guerre en Algérie et qui grandit dans un bidonville de la banlieue lyonnaise de 1963.
Ses deux autres long-métrages, "Les Diables" et "Dans la tourmente" (2011), avec Yvan Attal et Mathilde Seigner ne connaîtront pas le même succès du "Gone du Chaâba".
La Société des réalisateurs de films, association professionnelle comptant quelque 300 adhérents, avait dès lundi radié Christophe Ruggia, qui en a été plusieurs fois le co-président ou vice-président entre 2003 et 2019.