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Les Etats-Unis et la Chine vont reprendre leurs délicates tractations jeudi et vendredi à Washington pour tenter de mettre fin à leur guerre commerciale. Les deux premières puissances économiques mondiales se disputent ni plus ni moins la position dominante dans les futures industries de hautes technologies.
Quels sont les principaux dossiers épineux sur la table des négociations?
- Ouverture du marché chinois -
Donald Trump exige que la Chine ouvre davantage son marché aux produits américains en éliminant les barrières douanières pour réduire le colossal déficit commercial avec Pékin: 378,734 milliards de dollars en 2018. Ce déficit atteint même 419,16 milliards pour les seuls biens manufacturés.
Pékin s'est déjà engagé à acheter plus de soja américain, utilisé pour nourrir les porcs ainsi que des produits du secteur de l'énergie.
- Propriété intellectuelle -
Le président républicain a maintes fois accusé Pékin du vol endémique du savoir-faire américain par le biais notamment de transferts de technologie forcés, et a fait de la protection des technologies et des droits d'auteur un élément central des négociations.
Pour pouvoir vendre leurs produits en Chine, les entreprises étrangères doivent s'associer à des entités chinoises formant des "joint-ventures", qui sont souvent, dans cet Etat communiste, étatiques.
Les technologies et brevets, que recouvre la notion de "propriété intellectuelle", développés par les entreprises américaines se retrouvent ainsi partagés avec leur partenaire local.
La Chine a pris des mesures pour réorganiser les ministères et les agences responsables des droits de propriété intellectuelle.
Mais Washington estime que ses efforts "manquent d'apporter les changements fondamentaux nécessaires", selon un rapport récent des services du représentant américain au commerce (USTR).
- Les investissements -
La protection de la propriété intellectuelle porte également sur les investissements chinois aux Etats-Unis.
Washington a pointé le risque que les entreprises chinoises acquièrent des technologies de pointe par ce biais.
Par le passé, un organisme indépendant, le Comité sur les investissements étrangers (CFIUS), a ainsi bloqué plusieurs projets de rachat de sociétés américaines par des entreprises chinoises ou asiatiques.
- Piratage informatique -
Washington demande de cesser le piratage informatique à des fins d'espionnage économique.
En décembre, les Etats-Unis avaient imputé à la Chine le piratage d'une base de données du géant de l'hôtellerie Marriott contenant des informations sur 500 millions de clients.
- Subventions chinoises -
Washington réclame également la fin des subventions accordées aux entreprises d'Etat chinoises.
Mais les négociateurs américains se heurtent aux ambitions chinoises. Pékin a lancé en 2015 un plan baptisé "Fabriqué en Chine 2025" (Made in China 2025) destiné à faire du pays un leader mondial des industries de demain, qu'il s'agisse d'aéronautique, de robotique ou encore d'intelligence artificielle et de véhicules à énergie nouvelle.
Pour ce faire, le géant subventionne massivement ses entreprises. Les experts doutent donc de la possibilité de Pékin de céder sur ce point.
- Accord sur les devises -
Les Etats-Unis ont fait du cours du yuan un enjeu crucial des négociations, inquiets d'une dévaluation pour avantager les exportateurs chinois.
L'administration Trump voudrait donc inclure un volet concernant la devise chinoise. Fin février, Donald Trump avait fait état d'un compromis sur ce point.
De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) avait estimé en juillet 2018 que son cours était "stable dans l'ensemble".
Le Trésor américain a régulièrement conclu que Pékin ne manipulait pas sa devise, même si le régime communiste encadre de facto ses fluctuations. Il doit toutefois publier prochainement un rapport sur le sujet.
- Mécanisme d'application d'un accord -
Echaudés par les promesses non tenues, les Américains veulent instaurer des dispositifs destinés à s'assurer que tout accord sera effectivement mis en oeuvre.
Le représentant au Commerce Robert Lighthizer a évoqué des réunions mensuelles, trimestrielles et semi-annuelles.
En outre, si des entreprises américaines venaient à rapporter des entorses à l'accord, Washington pourrait engager une série de consultations avec les responsables chinois.
Et in fine, en cas de blocage des discussions, Washington aurait recours aux taxes douanières de manière unilatérale, selon certains médias américains. Un processus valable aussi pour les entreprises chinoises.
- Levée des taxes douanières -
Pékin entend obtenir la levée des taxes douanières supplémentaires américaines sur 250 milliards de dollars de biens.
Mais la levée de tout ou partie est liée au mécanisme d'application, avait indiqué vendredi le vice-président américain Mike Pence.