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Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président sud-coréen Moon Jae-in ont emprunté comme leur pays des voies radicalement différentes mais ils se retrouvent vendredi pour un sommet dans la Zone démilitarisée (DMZ) qui divise la péninsule.
Les parents de M. Moon sont nés dans un petit village de la région de Hungnam, aujourd'hui en Corée du Nord. Son père Moon Yong-hyung fut scolarisé dans un lycée d'élite avant de travailler comme fonctionnaire dans l'agriculture à l'échelon local.
Fin 1950, la guerre de Corée faisait rage, la ville de Hungnam était assiégée par les forces de Kim Il Sung. La famille Moon fut des 100.000 civils qui fuirent le Nord dans le cadre de "Evacuation Hungnam", l'une des plus importantes opérations américaines de secours aux civils.
La mère de M. Moon donna naissance à son fils dans un camp de réfugiés à Geoje, dans l'actuelle Corée du Sud. Intellectuel peu doué en affaires, son père s'endetta lourdement, sombrant dans la dépression.
"Même quand il ouvrit un petit commerce, il le fit dans un endroit où tout le monde disait que ça ne marcherait jamais. C'était comme ça tout le temps", écrit M. Moon dans son autobiographie.
La famille subsistait grâce à l'aide alimentaire de religieuses catholiques -- M. Moon se définit toujours comme catholique. A force de petits boulots, sa mère devint le principal soutien de famille. Le futur président l'aidait souvent à tirer une charrette remplie de briquettes de charbon à vendre.
De son père mort en 1958, M. Moon écrivit: "Il a souffert toute sa vie, de la pauvreté et comme réfugié. Il attendait tant de moi mais est mort sans me voir réussir. J'ai eu le coeur brisé, je me sentais si coupable".
Le Sud-Coréen hérita de son père ses capacités intellectuelles et son penchant pour les questions sociales devenant, sous la dictature de Park Chung-hee, avocat et militant des droits de l'Homme. En 2003, il fut nommé proche collaborateur du président de gauche Roh Moo-hyun.
L'année suivante, il accompagnait sa mère Kang Han-ok dans la station de montagne nord-coréenne du Mont Kumgang pour une réunion avec sa soeur, qui n'avait pas pu fuir pendant la Guerre. Il participa au dernier sommet intercoréen de Pyongyang en 2007 en tant que directeur de cabinet du président.
En 2012, il fut défait à la présidentielle par la fille de M. Park, Park Geun-hye, avant de lui succéder en 2017 après la destitution de celle-ci.
- Luxe -
D'après les biographies officielles, le père de Kim Kong Un, Kim Jong Il, est né en 1942 dans un camp de la guérilla anti-japonaise au Mont Paektu, endroit sacré aux yeux des Nord-Coréens.
Les spécialistes indépendants comme les archives soviétiques estiment cependant qu'il est né un an plus tôt dans un village de Sibérie où son père Kim Il Sung, le fondateur du pays, vivait en exil.
De la même manière, les débuts dans la vie de Kim Jong Un sont mystérieux, au point qu'on ignore jusqu'à sa date de naissance.
Mais il a vécu dans l'opulence.
Sa mère était la troisième épouse de Kim Jong Il, Ko Yong Hui, une Japonaise d'origine coréenne. Il poursuivit des études en Suisse, où sa tante maternelle et son époux s'occupaient de lui.
D'après la presse, le personnel éducatif tout comme ses amis d'école ignoraient qui il était. Ils se rappellent d'un élève timide, qui aimait le ski, Jean-Claude Van Damme et le basket.
Il serait aujourd'hui âgé d'environ 35 ans. Il aurait su qu'il était destiné à régner dès l'âge de huit ans, quand il reçut un uniforme de général en même temps que les salutations de la hiérarchie militaire.
Il n'a commencé à apparaître sur la scène publique qu'en 2008 après l'accident vasculaire cérébral de son père.
Quand il avait hérité du pouvoir fin 2011, il était jugé instable, vulnérable et susceptible d'être manipulé par des plus expérimentés que lui.
Mais il ne tarda pas à asseoir son autorité, y compris en faisant exécuter pour trahison son oncle influent Jang Song Thaek en 2013.
L'année dernière, son demi-frère Kim Jong Nam avait été assassiné à l'aéroport de Kuala Lumpur selon un scénario aux relents de Guerre froide. Les experts ne doutent pas que Pyongyang était à la manoeuvre.
Coiffure, vêtements, manière de parler, Kim a adopté le style de son grand-père Kim Il Sung, un personnage révéré.
Il a présidé à l’accélération fulgurante des programmes balistique et nucléaire de son pays.
Mais il est un débutant sur la scène internationale. Jusqu'à son voyage surprise à Pékin le mois dernier, sa première incursion à l'étranger comme dirigeant, la personnalité étrangère la plus en vue qu'il ait rencontrée était Dennis Rodman, ex-star des Chicago Bulls.