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La France a enregistré samedi son plus faible bilan du coronavirus depuis début avril et une nouvelle baisse des admissions en réanimation, signaux encourageants qui ne constituent pas encore une tendance à l'approche du déconfinement qu'elle entame avec prudence lundi après huit semaines d'enfermement.
A 36 heures de cette étape cruciale pour essayer de relancer l'économie, les appels se multiplient d'ailleurs contre tout relâchement de l'attention et des gestes de protection car s'il faiblit, le virus continue de circuler.
L'épidémie a fait 80 morts en 24 heures - dont quatre seulement en établissements spécialisés et Ehpad, durement touchés - portant le nombre total de décès à 26.310 depuis le 1er mars, selon la Direction générale de la santé.
En outre, la pression sur les services de réanimation continue de s'alléger avec 38 nouveaux cas graves admis dans ces services de pointe, soit un solde de 56 malades graves du Covid-19 en moins.
Et même si le gouvernement martèle la nécessité de sortir le pays de la quasi-paralysie qui l'a plongé, comme une bonne partie du monde, dans la récession, l'absence de traitement ou de vaccin disponible incite à la vigilance.
- Deux foyers en Nouvelle-Aquitaine -
Ainsi, les autorités ont renouvelé les appels à la "vigilance" en Nouvelle-Aquitaine, région en zone verte, après l'apparition de deux foyers épidémiques, l'un en Dordogne après des obsèques et un autre dans un collège de la Vienne après une réunion de préparation de la rentrée.
"C'est vraiment l'illustration de ce que l'on ne souhaite pas vivre dans les trois semaines, c'est-à-dire: relâchement, réunions familiales (...) voisins-voisines...", a relevé le préfet de la Dordogne Frédéric Périssat.
Outre le respect des fameux gestes barrière pour éviter une nouvelle flambée de l'épidémie, et après bien des tergiversations sur le sujet liées à la pénurie, il faudra sortir masqué dans les transports en particulier.
Et des règles strictes de "distanciation" seront appliquées sur les lieux de travail comme dans les magasins.
Pour encadrer cette nouvelle étape, le Parlement a adopté samedi la prolongation de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 10 juillet.
Le texte permet de restreindre certaines libertés et intègre des mesures liées au déconfinement progressif, dont la création controversée d'un "système d'information" pour identifier les personnes infectées par le coronavirus et leurs contacts. Ces informations seront conservées pour une durée limitée à 3 mois.
L'hôpital de campagne des armées déployé à Mulhouse (Haut-Rhin) pour soulager l'hôpital de la ville n'a plus de patients depuis jeudi, mais il garde "encore des lits, prêts à resservir si jamais on en avait besoin", a nuancé le préfet du département Laurent Touvet samedi.
"La situation reste tendue, nous avons assez peu de marge de manoeuvre", prévient Philippe Juvin, chef du service des urgences de l'hôpital parisien Georges Pompidou, qui appelle à se préparer à l'éventualité d'une deuxième vague.
Quatre régions (Ile-de-France, Hauts-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté) et 32 départements au total, dont Mayotte, restent classées "rouge" en raison de la circulation toujours vive du virus et du risque de saturation des hôpitaux qu'elle entraîne.
Mais même dans les zones classées "vertes" sur la carte épidémique, "il faut se garder de penser que tout est réglé", insistent les spécialistes, à l'instar de la virologue Marie-Paule Kieny, membre du Comité analyse recherche et expertise (Care) chargé de conseiller le gouvernement.
Pour cette raison, le port du masque dans les transports en commun devient obligatoire sous peine de 135 euros d'amende.
L'Etat va mettre à partir de lundi "10 millions de masques à disposition des opérateurs de transport pour qu'ils les distribuent à leurs usagers", dont 4,4 millions pour la région Ile-de-France, selon le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
La situation s'annonce particulièrement délicate dans cette région. Pour tenter d'éviter la cohue redoutée dans les trains et les métros, une attestation de l'employeur sera obligatoire aux heures de pointe (de 06H30 à 09H30 et de 16H00 à 19H00).
Air France a de son côté annoncé le contrôle à partir de lundi de la température de ses passagers, qui ne pourront pas embarquer si elle est supérieure à 38 degrés. Le port du masque sera également obligatoire à bord.
Autre dossier chaud, la réouverture des écoles, avec des règles sanitaires qui risquent de virer au casse-tête et inquiètent élus locaux et parents.
"85% des écoles sont prévues pour rouvrir lundi (...) un million d'enfants vont retrouver le chemin de l'école, les conditions sanitaires sont réunies", a assuré le ministre de la Santé Olivier Véran dans la nuit devant les députés.
Après deux mois confinés en région, certains des dizaines de milliers de Franciliens qui avaient choisi de quitter l'Ile-de-France mi-mars commencent à regagner la capitale, avec appréhension pour certains. "C'était en zone verte, dans le village il y a dû y avoir quelques cas mais très peu... là on sait que c'est le foyer, l'épicentre", confie Jean-Baptiste, de retour de deux mois dans sa famille en Bretagne pour reprendre son travail.
Plus de 12 millions de salariés sont restés en chômage partiel. Alors que le pays va faire face à sa pire récession depuis la Seconde guerre mondiale, le gouvernement espère que la reprise d'activité à partir de lundi, notamment dans le commerce, pourra relancer un peu la machine. Mais les secteurs de la restauration et la culture, très impactés, seront pour l'heure toujours fermés.
Toutefois les parieurs pourront suivre avec passion la première course hippique post-confinement: l'hippodrome de Vichy accueillera le premier Quinté lundi - à huis clos pour commencer.