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Un immense hôpital de campagne installé en neuf jours a ouvert vendredi à Londres pour accueillir la déferlante de malades du nouveau coronavirus qui a fait plus de 3.600 morts au Royaume-Uni, avant une rarissime allocution de la reine Elisabeth II attendue dimanche.
Signe de la gravité du moment, la souveraine de 93 ans a enregistré une allocution pour les habitants du Royaume-Uni et des pays du Commonwealth liée à la pandémie, a annoncé le palais de Buckingham. Il s'agit de la quatrième intervention extraordinaire d'Elisabeth II en 68 ans de règne.
En fin de matinée, son fil le prince Charles, 71 ans, tout juste remis du Covid-19 après une semaine de quarantaine, a inauguré par vidéo-conférence l'hôpital de Nightingale à Londres.
Construit avec le concours de l'armée, l'établissement dispose d'une capacité initiale de 500 lits, qui pourra atteindre 4.000 lits, soit l'équivalent de dix hôpitaux classiques.
Critiqué pour avoir tardé à imposer un confinement de la population puis pour les ratés du dépistage, le gouvernement cherche à montrer sa détermination à agir face au Covid-19 qui a fait 3.605 morts à ce jour sur le sol britannique.
Avec 684 décès supplémentaires comptabilisés dans les hôpitaux en une journée, l'épidémie est en phase d'accélération. La pandémie a officiellement contaminé 38.168 personnes au Royaume-Uni et le pic est attendu vers le 12 avril.
Testé positif il y a une semaine, le Premier ministre Boris Johnson a quant à lui annoncé vendredi qu'il avait toujours de la fièvre et allait donc prolonger sa quarantaine au-delà des sept jours recommandés par les autorités sanitaires britanniques.
Le gouvernement a promis de décupler le nombre de tests disponibles, notamment pour les soignants, et cherche à ouvrir dans l'urgence des dizaines de milliers de lits d'hôpitaux.
Inauguré sur place par le ministre de la Santé Matt Hancock, l'hôpital de Nightingale, "lumière éclatante dans ces temps sombres", selon le prince Charles, est le premier d'une série d'établissements provisoires prévus au Royaume-Uni.
Avec un personnel prévu de 16.000 soignants, il précède quatre autres établissements du même type annoncés à Birmingham (centre), Manchester, Harrogate (nord) et Bristol (sud-ouest), qui permettront d'accueillir plus de 7.000 malades.
En Écosse et au Pays de Galles, jusqu'à 7.000 lits supplémentaires répartis dans plusieurs hôpitaux de campagne construits dans des stades ou centres de loisirs doivent être ouverts.
- Bracelets d'immunité? -
Si la rapidité de la construction de l'hôpital de Nightingale est impressionnante, sa gestion présente des défis. Selon des documents révélés par le Health Service Journal, ses patrons s'inquiètent déjà du nombre d'ambulances disponibles pour y transférer les patients, et de la formation des équipes, pas toujours spécialisées dans les soins intensifs et qui découvriront les locaux pour la première fois.
Le gouvernement est confronté à une situation délicate dans les hôpitaux, où le personnel vit mal le manque d'équipements de protection et de tests.
Lui-même à peine guéri du coronavirus, le ministre de la Santé Matt Hancock a reconnu jeudi soir des ratés et promis d'atteindre 100.000 tests par jour d'ici la fin avril, soit dix fois plus qu'actuellement.
L'objectif est notamment de pouvoir dépister massivement le personnel soignant, dont 8% en moyenne est à l'isolement car présentant des symptômes. Ceux qui seront testés négatifs pourraient ainsi repartir travailler et soulager les hôpitaux actuellement débordés.
A terme, quand des tests sérologiques seront disponibles, le but sera de déterminer qui est immunisé pour permettre une sortie du confinement de la population, aux effets économiques et sociaux dévastateurs.
L'activité du secteur privé britannique a connu en mars un plongeon record et près d'un million de personnes ont déjà déposé des demandes d'aides sociales, malgré les mesures de soutien sans précédent adoptés par le gouvernement.
Jeudi soir, le ministre de la Santé a évoqué l'idée de "certificats d'immunité, peut-être des bracelets". Mais plusieurs scientifiques se sont déjà dits sceptiques.