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Le "Bloodgate" est derrière lui: Dean Richards, libéré du scandale, a reconstruit Newcastle pour en faire un candidat sérieux aux quarts de finale de la Coupe d'Europe, à l'heure d'affronter Montpellier dimanche après avoir battu Toulon.
Il y a près de dix ans, alors à la tête des Harlequins, Richards ordonnait à son joueur Tom Williams de mordre dans une capsule de faux sang afin de réaliser un dernier changement dans les dernières minutes d'un quart de finale de Coupe d'Europe.
La manipulation, révélée à l'été 2009, avait déclenché une vague d'indignation et une cascade de sanctions contre les Harlequins, dont Richards, qui avait été suspendu trois ans.
Sentant la bonne affaire en 2012, Newcastle, en pleine reconstruction après sa rétrogradation en deuxième division, avait été le chercher à la fin de sa sanction. Mais, cette fois, au titre de directeur du rugby.
"Il y a une blague qui dit que si vous voyez Dean sur le terrain en survêtement avec un sifflet, prenez une photo parce que ça va valoir une fortune", raconte Mick Hogan, directeur des Falcons. "En termes de rareté, c'est probablement aussi inestimable qu'un Van Gogh."
L'ancien policier, qui avait mené Leicester à quatre titres de champions d'Angleterre et deux de champions d'Europe, est en effet loin du terrain. On trouve désormais l'ancien N.8 international dans les bureaux, à recruter, ou en mer du Nord, à pêcher.
- "Au centre de tout" -
Dans le rôle de directeur sportif, il laisse la préparation à l'entraîneur John Wells, son ancien adjoint à Leicester, et à Dave Walder, chargé des trois-quarts.
Avec succès, il a été sacré meilleur manager de Premiership la saison passée pour avoir mené les Falcons jusqu'en demi-finale.
"Il est absolument au centre de tout", explique Hogan. "Pour moi, il y a deux domaines où il est particulièrement bon. Premièrement, c'est le meilleur recruteur: nous avons tiré Tane Takulua de nulle part et il est désormais l'un des meilleurs demis de mêlée du championnat", savoure le dirigeant, prenant pour exemple le N.9 tongien, repéré à Northland dans le championnat des provinces néo-zélandaises.
"L'autre aspect qu'il comprend, c'est l'importance du centre de formation. C'est très facile pour le gars en haut de la pyramide de regarder ça de loin parce qu'il est jugé en fonction des résultats" de l'équipe première, continue Hogan.
Une "Academy" qui prend beaucoup d'importance à Newcastle. Loin des années riches du titre de 1998, le club a désormais besoin des joueurs locaux pour exister sportivement et localement, dans un nord-est de l'Angleterre traditionnellement peu porté vers le rugby.
- Vieille école -
Parti en 2011 avant l'arrivée de Richards et revenu en 2015, Micky Young a vu la transformation s'opérer.
"Nous n'avions pas l'ambition que nous avons aujourd'hui. A l'époque, il y avait beaucoup de changements chez les joueurs. Certains venaient ici à la fin de leur carrière, d'autres pour avoir du temps de jeu. Maintenant, les joueurs qui passent par le système savent ce que c'est que de jouer ici", apprécie le demi de mêlée anglais.
Richards a aussi institué une étiquette à l'ancienne. Après une victoire à l'extérieur, on s'arrête à la supérette pour acheter des bières pour le retour en bus. On ne repart pas du stade sans avoir payé une pinte à son vis-à-vis.
Un succès et un côté vieille école qui, selon la presse, a séduit la Fédération anglaise. La RFU le verrait bien comme successeur d'Eddie Jones à la tête du XV de la Rose.
Richards a nié fermement au printemps dernier: "Il y a plus de politique, plus de relations avec les médias. Toutes les choses que je trouve très difficiles et que je n'aime pas (...) Je suis un peu brut, un peu direct et certainement pas politique. Je me mettrais certainement à la faute dès la première semaine. Ce n'est pas pour moi."
Les Falcons ont encore de beaux jours devant eux.