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Daniela Vega, l'actrice transgenre qui a conquis Hollywood

Tout semble sourire à Daniela Vega. Quand elle est passée de garçon à fille, elle été soutenue par sa famille. Et quand elle est passée de coiffeuse à actrice, elle a été aidée par le cinéaste chilien Sebastian Lelio, vainqueur dimanche de l'Oscar du meilleur film étranger.

Son personnage de Marina, amoureuse née dans un corps d'homme et devant se battre contre tous après le décès de son compagnon, lui a offert un rôle bouleversant, qui a fait sensation dans les festivals du monde entier avant de conquérir Hollywood.

Et elle a marqué l'Histoire des Oscars dimanche soir, en étant la première transsexuelle à présenter un prix, flamboyante dans sa robe fuchsia.

Du New York Times au Guardian en passant par El Pais, Vanity Fair ou The Hollywood Reporter, personne n'est resté indifférent face à la personnalité et au jeu de cette actrice chilienne de 28 ans aux longs cheveux noirs.

Le magazine américain W l'a d'ailleurs incluse dans sa sélection du meilleur de 2017, la montrant en photo avec l'acteur Robert Pattinson.

Le New York Times a salué un "charisme qui défie la pitié et un aplomb qui peut être tout aussi intimidant que poignant", tandis que le Guardian a applaudi la performance de l'actrice, "passionnée, intelligente et à la dignité discrète".

Ceux qui connaissent Daniela Vega ne seront pas surpris par ces commentaires: ils savent que la jeune femme est ambitieuse, déterminée à aller loin dans sa carrière et à s'impliquer à fond dans tout ce qu'elle fait.

Autodidacte, Daniela Vega, née à Santiago d'une famille de classe moyenne, a commencé à jouer au théâtre, poursuivant par ailleurs ses cours de chant lyrique, qu'elle pratique depuis le collège.

Ses débuts au ciné, elle les a faits dans le film "La visite", de Mauricio Lopez Fernandez, dans lequel elle interprétait une femme transgenre. Mais elle a continué à gagner sa vie comme coiffeuse dans un salon de beauté de Santiago.

Puis le réalisateur Sebastian Lelio a fait appel à elle comme "conseillère culturelle" au moment où il préparait le scénario d'"Une femme fantastique", avant de lui confier le premier rôle de ce mélodrame qui a offert dimanche au Chili le deuxième Oscar de son histoire.

- Espoir au Chili -

"Marina et moi, nous partageons plusieurs choses: nous sommes trans, nous aimons chanter de l'opéra et nous aimons les hommes beaux, rien de plus", confiait récemment Daniela Vega à propos de son personnage.

"Personnellement, j'ai eu très peu de problèmes de ce genre, ce n'est pas ce que j'ai vécu. Moi j'ai connu l'amour de ma famille, de mon compagnon et j'ai été entourée de beaucoup de tendresse", assurait l'actrice.

Dans un entretien au journal chilien El Mercurio, sa mère Sandra Hernandez avait raconté que, lors de sa grossesse, les médecins lui avaient annoncé qu'elle aurait une petite fille. Pour la naissance, les boucles d'oreille et les pyjamas roses étaient donc prêts.

L'enfant né finalement garçon a connu les brimades à l'école, à une époque où la société chilienne restait encore très conservatrice et imprégnée de l'héritage de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).

C'est à 15 ans, en cherchant sur internet, qu'il a découvert qui il était: cet adolescent gothique, attiré par les hommes mais ne se sentant pas homosexuel, était transsexuel.

Bénéficiant du soutien inconditionnel de ses parents et de son petit frère Nicolas, il a commencé son "passage" vers sa nouvelle vie, comme Daniela. Le voyage a duré trois ans.

Aujourd'hui, Daniela Vega n'a toujours pas changé d'identité ni de sexe sur son passeport, car la loi chilienne l'interdit.

Mais elle a semé l'espoir dans son pays.

Les mouvements sociaux chiliens espèrent que le triomphe d'"Une femme fantastique" et l'écho international de son actrice permettent de faire avancer la cause des homosexuels et des transsexuels, pour permettre notamment l'approbation du mariage entre personnes du même sexe.

Le retour au pouvoir dimanche prochain du conservateur Sebastian Piñera fait craindre toutefois que les choses n'avancent pas si vite que cela.

"Nous ne sommes pas venus demander la permission pour être ce que nous sommes, que nous soyons trans ou pas, simplement nous sommes comme nous sommes", tient juste à rappeler l'actrice.

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