Partager:
Les syndicats enseignants organisent en front commun une manifestation devant le siège du gouvernement de la Fédération ce jeudi 10 février à 11H, place Surlet de Chokier à Bruxelles. Il ne s'agit pas d'un appel formel à la grève, mais les enseignants qui participeront à l'action seront couverts par leur organisation syndicale. Les personnels administratifs et ouvriers des écoles sont aussi invités à y participer. La dernière manifestation de tous les personnels de l’enseignement remonte à 2011.
Selon les syndicats organisateurs, au moins 3000 personnes devraient être présentes. La manifestation aura lieu à Bruxelles, mais sera suivie dans la province de Liège et dans le Hainaut, avec un départ entre 700 et 1000 grévistes en direction de la capitale.
La grève devrait avoir lieu à tous les niveaux d'enseignement et réseaux, bien qu'elle devrait être moins franche dans le réseau libre. Il convient donc de s'informer ou d'accompagner son enfant à l'école pour savoir s'il y a un piquet de grève, dans quel cas l'élève sera dispensé.
Plusieurs motivations
Cette action syndicale est motivée par plusieurs raisons: les efforts demandés aux enseignants depuis deux ans face à la crise sanitaire, une négociation sectorielle avec le gouvernement et les pouvoirs organisateurs "qui a accouché de cacahuètes", la mise en place du tronc commun, le dossier d'accompagnement de l'élève, et, disent encore les syndicats, "la ministre Désir qui en rajoute une couche avec la réforme des rythmes scolaires !"
Corentin Eubelen, enseignant à Malmedy, sera en grève jeudi. "Des enfants ont parfois des besoins spécifiques qui ne peuvent pas être mis en place", dit-il. "On a aussi l'impression qu'on se moque de nous. Comme quand on apprend au JT de 19h le dimanche que les règles vont changer après la nuit."
Xavier Pasquali, professeur de mathématiques, évoque également une surcharge de travail administratif. "Maintenant, on nous impose 60h de travail collaboratif sur l'année", dit-il. "On doit noter ce qu'on fait, avec qui ont le fait,... C'est quelque chose que nous faisions, sans le noter. C'est complètement inutile."
34% des enseignants ont pensé quitter leur métier
Une enquête a été menée par des chercheurs l'Université de Mons sur le ressenti et les pratiques de cette profession depuis le début de la crise sanitaire. Pas moins de 34 % des enseignants belges francophones ont pensé quitter la profession pendant l'année scolaire 2020-2021. Ils sont 6 % à l'avoir envisagé tous les jours.
"On en voit beaucoup qui en ont ras-le-bol des élèves et des conditions de travail", explique Xavier Pasquali. "Il y en a pour qui ça devient fort pénible." Les mots "valorisation" et "reconnaissance" reviennent souvent dans les discussions entre profs. Céline Paulus, professeur de français, le confirme. "Dans les salaires et beaucoup de choses, on ne se sent pas bien reconnu", explique-t-elle. "On a aussi l'impression que nous n'avons plus la même autorité qu'avant sur nos élèves et que nous ne pouvons malheureusement rien y faire."
Selon l'enquête, les mesures sanitaires ont un impact négatif sur le bien-être des enseignants. Sur l'ensemble de l'année scolaire 2020-2021, 10 % des profs du secondaire indiquent n'avoir jamais ressenti du bien-être. 44 % disent avoir ressenti du bien-être quelques fois sur l'année seulement. En Fédération Wallonie-Bruxelles, un enseignant sur trois quitte le métier au bout de cinq années d'ancienneté.