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Réouverture des commerces et redémarrage des usines, retour au travail de certains salariés: la vie économique française amorce lundi sa reprise après deux mois de confinement, mais celle-ci restera lente et sujette à de nombreuses incertitudes.
"400.000 entreprises qui représentent 875.000 emplois (...) vont rouvrir" s'est félicité le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, lors de l'annonce du plan de déconfinement jeudi.
Mais après le choc du confinement, le temps "dans lequel nous allons rentrer à partir du 11 mai est un temps de transition" et "le plus dur est devant nous", a-t-il prévenu.
Loin du rebond en fanfare de l'activité envisagé au début de la crise, la reprise sera lente et "progressive" a rappelé l'Insee jeudi dernier, même si elle a noté un redémarrage dans l'industrie et le bâtiment dès fin avril.
Certes, une partie des commerces fermés vont pouvoir rouvrir, mais avec des contraintes de sécurité sanitaire importantes, et certains salariés vont devoir poursuivre le télétravail, parfois en gardant encore leurs enfants.
Le dispositif de chômage partiel va d'ailleurs se poursuivre, par exemple pour les parents qui ne souhaitent pas envoyer leurs enfants à l'école.
Sans parler des transports, qui ne vont reprendre que partiellement.
Les dirigeants d'entreprises s'attendent d'ailleurs encore à des mois difficiles. Selon une enquête du cabinet Xerfi réalisée fin avril, ils sont "plutôt inquiets sur l'allure de la reprise".
La plupart (42%) retiennent le scénario le plus pessimiste d'une reprise très lente, en particulier dans le commerce, les transports, l'hébergement et la restauration, alors que les cafés et restaurants vont encore rester fermés pendant plusieurs semaines.
Au final, seuls 40% des dirigeants d'entreprises pensent qu'ils auront retrouvé la totalité de leurs capacités de production d'ici à la fin de l'année.
- Quelle consommation? -
Outre la reprise de la production, l'inconnue sera le rythme de rebond de la consommation, qui a diminué d'un tiers durant le confinement.
Les ménages, qui ont beaucoup épargné en deux mois - environ 60 milliards à fin mai selon le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau - pourraient notamment tarder à retourner dans les magasins et à reprendre leur niveau de dépenses habituel.
Côté industriels, certains secteurs, "risquent de continuer à souffrir de rupture dans leurs chaines de production durant le déconfinement, étant donné leur dépendance vis-à-vis de composants venus de l'étranger et du (faible) niveau de leurs stocks", selon l'assureur crédit Euler Hermes, qui estime que le commerce international restera très affecté d'ici à la fin de l'année.
La France pourrait aussi redémarrer plus lentement que d'autres pays, en particulier l'Allemagne, dont l'activité a moins ralenti durant son confinement.
Ainsi dans le commerce, les ventes y ont chuté de moins de 6% en mars, contre plus de 14% en France, selon des données compilées par ING.
Et plusieurs pays européens avaient déjà rouvert en avril certains point de vente, contrairement à la France.
"Tous (les pays européens) sont durement freinés, mais la France l'est davantage que l'Allemagne. Même l'Espagne et l'Italie auraient vu leur secteur du bâtiment moins touché qu'en France", a affirmé le gouverneur de la Banque de France, auditionné la semaine dernière par les députés.
"L'Etat continuera d'être présent" pour les entreprises a d'ailleurs promis Bruno Le Maire, qui doit dévoiler prochainement des plans de soutien pour les filières les plus touchées, comme l'aéronautique et l'automobile. Avant un plan de relance de l'économie à la rentrée.