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Des bébés évacués par-dessus les barbelés: chaos à l'aéroport de Kaboul, les USA interrompent leurs vols durant des heures

Les premiers Belges bloqués en Afghanistan ont pu quitter Kaboul. Un premier C-130 de la Défense a décollé de l'aéroport ce vendredi. Un peu moins de 600 Belges et Afghans qui ont travaillé pour la Belgique se sont manifestés. Ils doivent eux-mêmes rejoindre l'aéroport de Kaboul. Un voyage extrêmement risqué et compliqué: des milliers de personnes attendent déjà autour de l'aéroport dans des conditions difficiles. Une situation qui laisse place à des scènes de chaos, alors que les États-Unis ont interrompu leurs évacuations durant plusieurs heures.

Dans la foule de personnes qui attendent à Kaboul, il y a des Belges. Nous sommes parvenus à en joindre un. Il vit dans le Limbourg depuis sept ans, travaille dans une usine et se trouve pour l'instant à Kaboul. Il est chez lui avec sa mère et sa soeur et il aimerait rentrer en Belgique, mais c'est impossible. "Le problème, c'est que sans autorisation, on ne peut pas rentrer à l'aéroport", nous confie-t-il par téléphone.

À l'aéroport de Kaboul, il y a six entrées: cinq au sud et une au nord. Celle du sud sont contrôlées par les talibans. Celle au nord est contrôlée par les États-Unis. C'est la raison pour laquelle l'ambassade belge au Pakistan a envoyé un email à certains Belges sur place. "Dirigez-vous vers la gate (ndlr: porte) nord. Si ce n'est pas possible, vers la gate sud de l'aéroport", indique notamment le message.

Devant ces différentes entrées, des milliers de personnes patientent et tentent de passer. Certains attendent jour et nuit depuis des dizaines d'heures. Lorsque des caméras filment la foulent, quelques-uns brandissent leurs passeports. Il y a des Européens avec des papiers, mais aussi des Afghans qui tentent de fuir.

Des images de bébés que des parents passent aux soldats pour les mettre en sécurité, par dessus les fils barbelés, se multiplient. 

Plusieurs Belges présents en Afghanistan ont reçu un message d'espoir dans la nuit de jeudi à vendredi, à 1h36 du matin. "L'évacuation commence aujourd'hui. Allez à l'aéroport à 6h. Prenez votre passeport et vos documents, de l'eau, à manger et des vêtements pour 48h, un bagage à main", précise-t-il.

 

Certains Belges parviennent à atteindre l'aéroport. C'est le cas d'un homme qui s'est filmé sur place. "Vous voyez les circonstances ici à l'aéroport. C'est important qu'un soldat ou un officier belge vienne à cette porte pour nous laisser entrer", demande-t-il.

Selon nos informations, plusieurs Belges ont été recalés aux portes de l'aéroport. Ils sont repartis dans le centre de Kaboul, à la case départ. "Ce n'était pas facile. C'était impossible. Il y avait beaucoup de bousculades. Ça tirait et ils ne nous laissaient pas entrer", nous déclare un témoin sur place.

Des rafales de tirs se font régulièrement entendre à l'aéroport. La situation est de plus en plus chaotique.

La base américaine au Qatar saturée, les vols suspendus durant des heures à Kaboul

Les évacuations de civils ont été suspendues pendant plusieurs heures à l'aéroport de Kaboul, en raison de la saturation des bases américaines dans le Golfe, notamment au Qatar, vers où les évacués sont dirigés dans un premier temps, a admis vendredi un responsable du Pentagone. "Il y a eu une période considérable aujourd'hui (...) pendant laquelle il n'y a eu aucun départ", a déclaré à la presse le général Dan DeVoe, du commandement militaire chargé du transport aérien, Air Mobility Command. "Depuis une demi-journée, le rythme est beaucoup plus lent", a-t-il admis.

Le problème, a-t-il expliqué, "est de faire partir les gens d'Afghanistan à destination des ISBS", les bases intermédiaires des Etats-Unis dans la région, plus particulièrement au Qatar et au Koweït. Le général DeVoe a confirmé que le problème était de "gérer les capacités" sur ces bases militaires peu équipées pour accueillir des milliers de réfugiés.

Le département d'Etat a été critiqué pour sa gestion bureaucratique de la crise, qui voit des milliers de personnes âgées et d'enfants attendre pendant plusieurs jours dans des conditions précaires les documents qui leur permettront de quitter ces bases intermédiaires pour atteindre les Etats-Unis. Des témoignages d'Afghans évacués vers le Qatar font état de centaines de personnes dormant à même le sol dans des hangars à avions pendant plus de trois nuits d'affilée, dans une chaleur suffocante et disposant d'un accès très limités à des toilettes ou des douches.

Les opérations américaines d'évacuation ont finalement repris vendredi après plusieurs heures d'interruption, a indiqué un haut responsable du Pentagone. Il a précisé que certains vols seraient dirigés vers l'Allemagne, où les Etats-Unis disposent de nombreuses bases militaires.

Biden dit ne pas pouvoir garantir "l'issue finale" de l'opération d'évacuation

Joe Biden a affirmé vendredi qu'il ne pouvait pas garantir "l'issue finale" de l'opération d'évacuation à Kaboul, l'une des "plus difficiles de l'histoire" au terme d'une guerre longue de vingt ans en Afghanistan. "Cette mission d'évacuation est dangereuse. Elle implique des risques pour nos forces armées et est menée dans des conditions difficiles", a déclaré le président américain lors d'un discours à la Maison Blanche.

"Je ne peux pas promettre ce qu'en sera l'issue finale", a-t-il reconnu, entouré par sa vice-présidente Kamala Harris, son chef de la diplomatie Antony Blinken, le chef du Pentagone Lloyd Austin, et son haut conseiller à la sécurité Jake Sullivan. "Mais en tant que commandant en chef, je peux vous assurer que je mobiliserai tous les moyens possibles", a-t-il promis.

Seuls les Etats-Unis sont "capables" de mener une telle opération, parmi les "plus difficiles de l'histoire", "à l'autre bout du monde avec une telle précision", a affirmé le président américain. Il a dit que les Etats-Unis avaient évacué 13.000 personnes d'Afghanistan depuis le 14 août, et 18.000 depuis juillet, avec des milliers en plus évacués sur des vols privés "mis en oeuvre par le gouvernement américain".

Le président a assuré que son pays était engagé à évacuer tous les Afghans ayant aidé les Etats-Unis dans leurs opérations en Afghanistan pendant la guerre.

Des soldats américains sortent de l'aéroport pour récupérer des personnes à proximité

Des soldats américains, postés dans l'aéroport de Kaboul, ont quitté son enceinte pour "récupérer" des personnes qui se trouvaient "très près", a indiqué vendredi le Pentagone.

"En peu de temps et en parcourant une courte distance, certains soldats ont été en mesure de sortir et de les récupérer et de les ramener" dans l'aéroport, a expliqué le porte-parole du ministère de la Défense, John Kirby. Joe Biden avait évoqué plus tôt "169 Américains entrés dans l'aéroport avec l'aide de militaires", mais M. Kirby n'a pas confirmé qu'il s'agissait d'Américains.

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