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Des centaines de manifestants, dont certains portant des cadavres de victimes avec eux, se sont rassemblés samedi devant une usine chimique en Inde pour réclamer la fermeture de ce site après une fuite de gaz jeudi ayant entraîné la mort de douze personnes.
L'accident, survenu dans la ville portuaire de Visakhapatnam au sud-est du pays, a en outre blessé des centaines de personnes et donné à voir des scènes terribles d'habitants et animaux gisant inconscients dans les rues.
Les autorités indiennes étaient sur place samedi afin d'effectuer une visite de sureté de l'usine de LG Polymers, filiale indienne de l'entreprise sud-coréenne LG Chemical, lorsqu'une foule d'environ 300 personnes a fait irruption devant la police et les agents de sécurité.
Certains avaient apporté avec eux trois corps de victimes de l'accident, récupérés plus tôt auprès de la morgue et transportés sur des brancards et dissimulés sous des bâches noires.
Les protestataires ont scandé des slogans réclamant la justice pour les victimes de la fuite et la fermeture de l'usine, avant d'être repoussés par les forces de sécurité.
"J'ai vu des gens porter leur enfant sur leurs épaules, à la recherche d'eau. Ils ne pouvaient pas bouger à cause du gaz j'ai cru qu'ils étaient morts", a confié un homme sur place, se remémorant l'accident de jeudi.
Au moins trois enfants figurent parmi les victimes, des dizaines d'autres sont encore à l'hôpital.
Dans la soirée de jeudi, la zone d'exclusion autour de l'usine avait été élargie et des centaines de personnes ont été déplacées par peur d'une nouvelle fuite de gaz.
La situation est désormais "sous contrôle" dans l'usine, a affirmé Gautam Sawang, le chef de la police de l'Etat de l'Andhra Pradesh.
Les autorités judiciaires ont ouvert une enquête pour homicide après cette fuite de gaz, et la justice environnementale indienne a pour l'heure déjà condamné l'entreprise à payer une amende de 6,2 millions de dollars.
Selon la police, la fuite serait survenue à la suite d'une surchauffe de gaz laissé à l'intérieur d'un réservoir, après l'arrêt partiel de l'usine en raison du confinement national décrété en Inde pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus.
LG Chem a confirmé que l'usine de fabrication de polystyrènes ne tournait pas au moment de l'accident, mais a insisté sur le fait que des équipes de sureté étaient sur place.
Cette fuite de gaz dans une usine est la plus meurtrière en Inde depuis la catastrophe de Bhopal (centre), qui fut l'un des pires accidents industriels de l'Histoire, tuant au moins 3.500 personnes en 1984.