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Echecs: Carlsen et Caruana joueront le titre mondial au tie-break

Le Norvégien Magnus Carlsen et l'Américain Fabiano Caruana joueront le titre mondial d'échecs lors d'un tie-break à suspense mercredi, faute d'avoir pu se départager à l'issue d'une série sans précédent de 12 nuls consécutifs, qui s'est achevée lundi à Londres.

Douze matches depuis le début de la compétition, le 9 novembre, et autant de nuls: c'est la première fois dans l'histoire du championnat du monde que les parties régulières se terminent sans aucune victoire, signe de l'infime écart de niveau séparant Carlsen et Caruana, respectivement numéro un et deux mondial.

Place donc au tie-break, ou parties de départage. Concrètement, les deux jeunes maîtres devront disputer quatre matches dits semi-rapides, avec un temps plus limité (25 minutes).

En cas d'égalité, deux manches supplémentaires seront jouées en blitz, format rapide avec seulement cinq minutes à l'horloge pour chaque joueur au départ. D'autres matches rapides pourront être joués si l'égalité persiste.

Considéré comme l'un des meilleurs joueurs de l'histoire, Magnus Carlsen, 27 ans, tentera de remporter un 4e titre mondial consécutif - et d'entrer un peu plus dans la légende de la discipline.

Fabiano Caruana s'emploiera lui à offrir aux Etats-Unis leur premier championnat du monde depuis celui du légendaire Bobby Fischer, qui avait battu en 1972 le Russe Boris Spassky lors du "match du siècle", brisant, en pleine Guerre froide, 24 ans d'hégémonie soviétique.

Lundi, l'Américain de 26 ans a ouvert avec les blancs, et donc avec un léger avantage, dont il n'a toutefois pas su profiter, laissant les coudées franches à Carlsen pour développer son jeu.

Sous pression, accusant un retard significatif à l'horloge, "Fabi" tentait de réorganiser sa défense avec une double ligne de tours et un roque, avant de rapatrier sa reine, placée aux avant-postes, pour protéger son roi.

Le Scandinave en profitait pour poursuivre son offensive et resserrer son emprise sur le milieu de l'échiquier en avançant dangereusement deux pions et un fou.

"Les Noirs sont à l'attaque et Caruana doit être extrêmement prudent car une légère imprécision peut lui coûter la partie", commentait sur Twitter Susan Polgar, grand maître d'échecs.

- Kasparov critique Carlsen -

Mais alors que la victoire semblait lui tendre les bras, Carlsen provoquait la stupeur en proposant le nul au 31e coup, après environ trois heures de jeu.

"Je m'en sortais plutôt bien (...) mais ce n'était pas si facile d'en tirer profit", a expliqué le joueur à la presse, concédant ne pas avoir voulu "prendre de risques" en attaquant trop directement son adversaire.

Ce dernier avait accepté sans hésiter l'offre de nul, trop heureux d'échapper à une situation pour le moins inconfortable.

"J'étais vraiment inquiet pendant le match", a-t-il souligné, évoquant notamment une ouverture "qui n'a pas donné les résultats escomptés".

L'Américain devra hausser son niveau de jeu mercredi face à Carlsen, brillant dans les formats rapides ou semi-rapides, comme il l'avait démontré lors de l'édition précédente du championnat du monde, en 2016 à New York, en battant le Russe Sergueï Kariakine au tie-break.

"Je crois que j'ai de très bonnes chances", a d'ailleurs estimé Magnus Carlsen.

Un avis pas forcément partagé par tous les spécialistes, qui s'interrogeaient sur ce surprenant nul proposé par le Norvégien, signe, pour certains, de fébrilité.

"À la lumière de cette offre (de nul) choquante de Magnus alors qu'il était en meilleure position et avec plus de temps, je reconsidère mon évaluation selon laquelle il est favori dans les (parties) rapides", a déclaré la légende russe des échecs Garry Kasparov, dans un tweet implacable.

"Les tie-breaks exigent du sang froid, et il semble qu'il perde le sien".

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