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Lilis Hastirimi pleure amèrement. Après des heures d'attente, elle a manqué sa chance de prendre un selfie avec le président indonésien en campagne pour l'élection présidentielle d'avril, écartée par une foule de femmes encore plus déterminées qu'elle.
C'est une bataille féroce à chaque étape de la campagne électorale pour un cliché avec le président sortant, Joko Widodo, dans ce pays où les habitants se prennent en photo à toute occasion et sont des champions d'Instagram.
Avec son mascara qui dégouline, Lilis Hastirimi faisait partie des quelque 10.000 femmes qui ont bravé la chaleur accablante et déjoué les barrières de sécurité au cours d'un meeting à Sragen, au centre de l'île de Java, pour s'approcher du président Joko Widodo, en course pour un second mandat.
"Je suis triste, je n'ai pas pu prendre de photo avec lui", se lamente la femme de 39 ans, interrogée par l'AFP, entre deux sanglots. "Il a l'air d'être une personne tellement bien, comme un père".
Le chef d'Etat de 57 ans, surnommé "Jokowi", qui bénéficie d'une image d'homme du peuple, se prête volontiers au jeu des selfies avec les électrices ou les électeurs et s'empare souvent de leur téléphone pour prendre lui-même des photos.
Mariana Wahyu, une enseignante, regrette de n'avoir pas pu prendre de selfie avec Jokowi qui était alors son voisin quand il était maire de la ville de Solo.
"Ô Allah, si j'avais su qu'il deviendrait président, j'aurais pris beaucoup de photos avec lui", témoigne-t-elle au cours d'une étape dans la ville de Sukoharjo.
- Casse-tête pour la sécurité -
Un vrai casse-tête pour les policiers chargés de sa sécurité, comme Budi Atmaja, alors que le pays est en alerte face au risque terroriste et a été endeuillé l'an dernier par des attaques suicides meurtrières.
"Il y a un tel enthousiasme pour prendre des photos avec lui, mais nous devons nous assurer qu'il ne lui arrive rien", note Budi Atmaja.
"Il y a beaucoup de gens qui sont prêts à tout", remarque-t-il.
Jokowi est en tête dans les sondages avant le scrutin du 17 avril au cours duquel 192 millions d'Indonésiens sont appelés à voter pour élire leur président mais aussi renouveler le parlement national et les parlements locaux.
Cette campagne passe aussi beaucoup par les réseaux sociaux et les photos. L'Indonésie est le 3ème plus gros marché pour Facebook (avec 130 millions d'utilisateurs actifs) et le 4ème pour Instagram (62 millions). D'autant plus que les "Millenials" (ceux qui sont nés entre 1980 et 1999, ndlr), qui représentent un tiers de l'électorat, sont considérés comme un segment clé pour cette élections.
L'unique adversaire du président sortant, Prabowo Subianto, est un ancien général de 67 ans et l'ex-beau fils du dictateur Suharto.
Son équipe de communication a tenté de nuancer son image d'homme fort et de séduire les électeurs sur les réseaux sociaux avec un compte Instagram dédié au candidat et à son chat Bobby.
Avec son co-listier Sandiaga Uno, un homme d'affaires de 49 ans devenu homme politique, l'opposition s'est aussi beaucoup préoccupée de l'électorat féminin conservateur dans ce pays qui compte la plus importante population musulmane au monde.
Et sa campagne encourage les groupes de militantes en ligne, comme le Parti des femmes au foyer qui soutiennent Prabowo-Sandiaga ou la Force des femmes au foyer militantes.
Mais sur le terrain, les militantes se battent aussi ardemment pour des selfies avec les deux candidats.
Après un meeting la semaine dernière à Bogor, au sud de Jakarta, un groupe de femmes en hijab se précipite sous la pluie battante pour prendre un selfie avec la voiture qui emporte Prabowo.
"J'irai partout où ira Prabowo", affirme Veranita Abdul, une activiste.
Joko Widodo, élu en 2014 pour un premier mandat, a une avance de 13 à 20 points dans les derniers sondages, face à Prabowo Subianto.