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En Albanie, la retraite des policiers à quatre pattes

Après une dizaine d'années de bons et loyaux services, Konti, un berger allemand spécialisé dans la détection de l'argent sale, a été mis à la retraite par la police albanaise en vue d'être proposé à la vente au public.

Une vingtaine de chiens policiers viennent ainsi d'être réformés, des limiers trop âgés pour poursuivre leurs missions ou des jeunes n'ayant pas passé la rampe des épreuves d'admission dans les unités cynophiles de la police.

Mais Konti, dix ans, a de la chance. Son maître-chien, Ilir Balla, 45 ans, ne peut se résoudre à s'en séparer et va le racheter pour s'occuper de lui "jusqu'aux derniers jours de sa vie".

"Les relations avec l'animal sont particulières pour tout le monde mais notre attachement est différent", explique l'officier à l'AFP à l'Institut de formation des chiens policiers de Tirana, où son animal s'entraîne à détecter des liasses de billets.

"Nous formons une équipe et le lien entre nous est très fort, très spécial". Konti, qui a des problèmes aux yeux, est doté d'un "flair exceptionnel" qui lui a permis de détecter des "volumes importants" de liquide non déclaré à l'aéroport de Tirana, poursuit le maître-chien.

Le ministère des Finances a publié en janvier une liste de 18 canidés proposés au grand public à des prix variant de 60 à 170 euros, avec possibilité pour les acheteurs de renchérir sur ces tarifs.

Parmi eux, huit bergers en fin de carrière et des "jeunes nés en 2020 qui manquent de capacités techniques et n'ont pu passer les examens" pour exercer dans la police, explique Lavderim Balla, vétérinaire de l'Institut de formation.

- "Nos héros"-

Début février, deux chiens de deux ans, Juli et Fels, avaient suscité l'intérêt de candidats qui ont offert de les acquérir pour 200 euros. Selon la procédure choisie par les autorités, les autres canidés de la liste doivent ensuite être proposés à des prix inférieurs tandis que les chiens qui n'auront pas trouvé preneur à l'issue du processus seront donnés à des familles d'accueil.

Dritan Zela, 51 ans, n’a pas la possibilité de prendre chez lui Diksi, 11 ans, un "excellent" agent anti-drogue, son meilleur copain qui lui a même sauvé la vie lors d'opérations délicates.

"Je regrette son départ, ça fait des années qu’on est ensemble, on est comme une famille, il va me manquer mais où qu'il sera, j'irai lui rendre visite", dit Dritan visiblement ému, en caressant l'animal.

Du côté des adoptants, Saimir Hasmataj s'est rendu à l'Institut pour choisir un chien avant de présenter son dossier au ministère des Finances. Il sélectionne Orsa, neuf ans, car elle a de l'expérience et "toute une histoire" qu'il pourra raconter à ses enfants.

L’institut abrite plus de 80 chiens, des bergers allemands ou malinois, spécialisés dans la détection de drogue, d'armes ou de billets de banque.

Enver Hoxha, trois décennies à son actif dans la police, aura beaucoup de mal à oublier son vieil ami Dei, chien de recherche et de sauvetage qui sera réformé bientôt.

Depuis deux ans déjà, il s'occupe de Brandi, berger allemand devenu une star de la police albanaise lors d'un séisme qui a tué une cinquantaine de personnes fin 2019. Alors que la situation paraissait désespérée, le chien a trouvé des survivants sous les décombres.

"Ils sont tous nos héros", résume Dritan.

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