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(Belga) Face à la contestation populaire exprimée dans la rue, les autorités de plusieurs pays européens ont adopté un ensemble de mesures restrictives et, la police a fait un usage excessif de la force, dénonce jeudi Amnesty International dans son rapport annuel consacré à la situation des droits humains sur le Vieux Continent notamment.
En 2019, plusieurs mouvements de contestation ont eu lieu dans de nombreux pays européens, notamment en Autriche, en France, en Hongrie, en Pologne, en République tchèque et en Roumanie. Les gens ont protesté contre les mesures d'austérité et la corruption pour réclamer la justice sociale et, aussi, pour l'indépendance de la justice. Les manifestations et les grèves pour le climat ont également essaimé dans de grandes villes européennes. Mais de nombreux États ont réprimé ces manifestations en recourant à des mesures qui portaient atteinte aux droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d'expression, déplore Amnesty International. En Autriche, en Espagne et en France, plusieurs centaines de personnes ont ainsi été blessées par la police, tandis qu'en France, la police a recouru à une force excessive au cours de telles manifestations, signale le rapport. "En 2019, en Europe et en Asie centrale, des gens ont été en butte à des menaces, des actes d'intimidation, des poursuites judiciaires, un usage excessif de la force par la police, et des discriminations", a déclaré la directrice du programme Europe à Amnesty International, Marie Struthers. "Cependant, la mobilisation de simples citoyens et citoyennes qui, courageusement, ont osé s'élever contre ces agissements et demander des comptes aux États apporte une lueur d'espoir pour l'avenir", a-t-elle salué. Selon l'organisation de défense des droits humains, les Etats n'ont bien souvent pas fait le nécessaire pour que leurs forces de sécurité répondent des violences commises pendant les manifestations. "Certains États ont en outre octroyé à la police des pouvoirs élargis, comme en Allemagne, où des mesures telles que l'assignation à résidence et la surveillance des communications pouvaient désormais être prises contre des personnes 'susceptibles de commettre une infraction dans le futur'", épingle Amnesty. Face à cette tendance, certains tribunaux ont joué un rôle crucial pour la défense des libertés individuelles en annulant des interdictions générales des manifestations ou encore, comme cela a été le cas en Pologne, en protégeant les droits de manifestants ayant exprimé leur opposition au nationalisme et au racisme, observe Amnesty. "Mais cette audace a été chèrement payée: des juges ayant statué dans ces affaires ont été harcelés ou rétrogradés par les autorités polonaises, qui se sont efforcées de saper l'indépendance du pouvoir judiciaire", s'indigne l'organisation. (Belga)