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En Grèce, les tavernes de Rafina redoutent des "dommages irréparables"

Sur le port de Rafina, au nord-est d'Athènes, les tavernes de pêcheurs encore assoupies par un mois de confinement espèrent "un retour à la normale" pour la saison estivale. Mais tous pensent que ce sera "très difficile" car "les dommages économiques sont irréparables".

"L'été dernier, j'avais dix tables à l'extérieur et dix à l'intérieur. Là, je n'en aurai que trois dehors et je suis supposé travailler avec ça", déplore Costas Gogos, propriétaire d'une taverne à deux pas de la mer.

Si le déconfinement débute lundi en Grèce avec les petits commerces et les salons de coiffure, les restaurants et cafés grecs ne pourront rouvrir que le 1er juin, après cinq semaines de fermeture, et à condition de respecter les règles de distanciation sociale.

Sur le port clairsemé de Rafina, où un ferry à quai attend désespérément un départ prochain pour des îles des Cyclades, la seule agitation provient des travaux en cours sur les toits ou sur les enseignes des tavernes.

Mais "beaucoup n'ouvriront pas, ils n'y arriveront pas avec si peu de tables", explique un restaurateur, adossé à un amas de chaises retournées sur les tables.

"On doit suivre les règles en matière d'hygiène. Chaque table doit être séparée de deux mètres, pas plus de quatre personnes ne peuvent s'y asseoir. Et on doit porter des gants et un masque", explique Stergios Vassiliou, qui tient une taverne de souvlaki sur la place centrale de Rafina.

Pour lui, pas de doute, le 1er juin, "il y aura beaucoup moins de restaurants ouverts (que d'habitude). Les dommages économiques sont irréparables".

Son voisin, Stefanos Voudouris, devait ouvrir cette année sa terrasse de café et pâtisserie mais après des travaux colossaux de rénovation, il a préféré remettre son lancement à l'an prochain.

- "Certains resteront sur le carreau" -

"C'est très difficile (avec la réglementation), on ne s'en sortirait pas", soupire-t-il, le visage barré par un masque chirurgical. "Certains resteront sur le carreau", s'inquiète-t-il, en balayant sa terrasse.

Autour de lui, les panneaux "A Louer" ont fleuri sur les vitrines, depuis la pandémie qui a fait près de 2.600 cas et 138 morts en Grèce.

"On est détruits", fulmine un marchand de poissons, devant ses étals. "Personne n'est venu aujourd'hui", ajoute le commerçant qui fournissait notamment les tavernes alentour.

Certains restaurants, portes closes, espèrent limiter les pertes en proposant des plats "à livrer" sur leurs vitrines. D'autres expliquent: "Nous restons à la maison", selon le slogan repris tous azimuts en Grèce pendant le confinement.

Mais Costas Gogos préfère croire qu'"avec le temps les choses redeviendront comme avant". "Nous retournerons à la normale et nous retrouverons notre rythme", espère-t-il.

"La normalité nous manque, le fait que les magasins soient ouverts normalement", confie aussi Mary Kousta, une mère de famille qui se promène sur le front de mer, main dans la main avec son mari.

A partir de lundi, dit-elle, "quand les commerces rouvriront successivement, nous retrouverons ce que nous connaissions" jusqu'ici.

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