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La circulation dans la région anglophone du Nord-Ouest du Cameroun a été restreinte mardi par les autorités alors que les recherches se poursuivaient pour retrouver 82 personnes, dont 79 élèves, enlevées la veille à Bamenda, capitale de la région.
"Avec effet à date de la signature du présent décret, les mouvements de véhicules (...) d'un département à l'autre de la région du Nord-Ouest sont suspendus jusqu'à nouvel ordre", a décrété le gouverneur du Nord-Ouest Adolphe Lele Lafrique Tchoffo Deben.
Lundi, 82 personnes dont 79 élèves ont été enlevés à Bamenda, à la Presbyterian Secondary School de Nkwen, par des hommes armés.
Dans une vidéo de 6 minutes obtenue et authentifiée par l'AFP, 11 élèves du collège affirment avoir été enlevées par les "Amba Boys", les séparatistes qui combattent les forces de sécurité dans les deux régions anglophones en conflit.
Dans cette vidéo, un homme filme les onze adolescents, assis à même le sol, et leur intime de se présenter un par un.
"Nous allons ouvrir nos propres écoles ici, nous allons rester ensemble et combattre pour l'+Ambazonie+", l'Etat que les séparatistes entendent créer, indique ensuite le même homme.
Les élèves apparaissant dans la vidéo, des adolescents d'une quinzaine d'années, "sont bien de l'établissement", a affirmé à l'AFP une source proche de l'école protestante où les enlèvements ont eu lieu.
"J'en ai reconnu certains. On n'a pas pu pour l'heure parler à ces onze pour savoir s'ils sont avec les autres", a-t-elle ajouté.
Ce type de rapt de masse d'élèves est sans précédent au Cameroun. Il est pratiqué dans le nord du Nigeria voisin par le groupe jihadiste Boko Haram, comme à Chibok où plus de 200 jeunes filles avaient été enlevées dans leur internat en 2014, suscitant l'indignation du monde entier.
Les recherches étaient toujours en cours mardi pour les retrouver.
Les séparatistes ont décrété un boycott des établissements scolaires, estimant que le système scolaire francophone marginalise les étudiants anglophones.
Dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, une crise socio-politique sans précédent s'est installée fin 2016, qui s'est transformée fin 2017 en conflit armé.
Des affrontements entre armée et séparatistes, agissant en groupes épars dans la forêt équatoriale, s'y produisent quasiment tous les jours depuis plusieurs mois.