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Entre selfies et hommage, l'"iconique" Notre-Dame a gardé son attrait

Sa flèche est tombée mais elle reste "iconique" : la cathédrale Notre-Dame de Paris attire toujours les touristes du monde entier, six mois après l'incendie qui a ravagé sa toiture.

"Il n'y a pas d'église comme ça au Danemark", s'émerveille Ulrik Pach, levant les yeux pour admirer les gargouilles qui ont survécu aux flammes.

Avec ses trois amis, ils ne se sont pas posé la question de savoir s'ils viendraient voir la cathédrale. "A Copenhague vous iriez voir la petite sirène, même si elle était décapitée !", dit-il, en référence à la statue emblématique de la capitale danoise.

Plusieurs mètres au-dessus du sol, sous le regard des gargouilles, se joue le ballet des ouvriers qui, solidement harnachés, réparent, martèlent les pierres.

Entre les palissades beiges qui protègent le chantier et les magasins de souvenirs, rouverts depuis, ils sont des dizaines à venir admirer, comme lui, la cathédrale - ou ce qu'il en reste.

Si les chiffres manquent pour la fréquentation du bâtiment - logiquement fermé aux visites depuis le 15 avril - la capitale a connu un regain de popularité au deuxième trimestre, avec une augmentation de 5,3% d'arrivées hôtelières sur le Grand Paris, selon l'office du tourisme.

Une hausse des arrivées dont Notre-Dame a aussi bénéficié.

Vigies de la fréquentation des lieux, les bouquinistes qui bordent les quais ont vu la foule se presser aux premières semaines après l'incendie.

"Jusqu'à juin, ça a été assez étouffant", raconte Véronique Baudon, qui vend affiches et livres sur les quais de Seine depuis plus de 30 ans. "Il y avait beaucoup, beaucoup, de passage. Beaucoup de monde. Maintenant c'est plus calme, ça revient un peu à la normale".

Un peu plus de cartes postales du bâtiment se vendent depuis le 15 avril.

Les touristes vont, viennent, et prennent des selfies devant les échafaudages, dit-elle, un peu meurtrie par les "sourires Colgate" affichés devant le chantier, qui lui rappellent chaque jour sa peine.

- "Mon phare" -

Peter Amys et son épouse, venus de Des Moines, aux Etats-Unis, posent tout sourire devant la façade sud, qui longe la Seine.

"Nous serions venus quoi qu'il arrive", expliquent-ils, alors que les autres participants de leur voyage organisé sont allés boire un café. "C'est super qu'ils soient déjà en train de reconstruire, et nous sommes très heureux de voir qu'une grande partie du bâtiment a été sauvée".

Samantha et Paul Michum sont venus du Cap passer une semaine à Paris. L'incendie a été "tragique", disent les deux Sud-Africains, en observant la silhouette balafrée du bâtiment. Mais "il fallait venir. C'est un lieu tellement iconique qu'il faut le voir, en construction ou non".

De face, seule l'absence de la flèche - et les palissades qui empêchent d'accéder au parvis - laissent deviner l'incendie. Mais sur les côtés, la vue des échafaudages rappelle que le toit est parti en fumée.

Pour Dennis, qui vient de Californie, le drame n'a rien ôté à la cathédrale, au contraire : c'est "un peu plus de personnalité. Une nouvelle pierre ajoutée à sa longue histoire".

Le cœur plus serré, Anne-Marie, venue de la Nièvre avec son époux, est là "pour rendre hommage". Avec au fond d'elle une petite crainte "qu'un jour ou l'autre, elle ne s'effondre".

"Très en colère", mitraillant la façade en soupirant, elle ne compte plus les fois où elle a emmené ses petits-enfants ou ses amis venus de l'étranger visiter Notre-Dame. "Mon phare à Paris, ce n'était pas la Tour Eiffel, c'était Notre-Dame".

"C'était un phare", insiste-t-elle, "et ce n'est pas des bondieuseries de dire cela. Quand on entrait dans Notre-Dame, on n'était pas indifférent, même quand on ne va pas à la messe tous les dimanches. Quand je vais à la cathédrale de Nevers, ça ne me fait pas le même effet ..."

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