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"Je n'essaie pas d'être sur ses traces, je trace ma route. Et son souffle est en moi". Fils de Manu Dibango, légende de l'afro-jazz, James BKS fait son chemin avec une pop séduisante mêlant rythmes traditionnels africains et sonorités hip-hop.
Disparue en mars 2020 à l'âge de 86 ans des suites du Covid-19, la figure paternelle est pourtant omniprésente au concert du fiston, dans le cadre du festival Rio Loco (jusqu'au 20 juin à Toulouse).
Derrière son clavier, James BKS (pour Best kept secret, secret le mieux gardé), revisite le tube Soul Makossa et lui rend hommage devant le public: "Manu m'a permis de me reconnecter avec ma propre histoire. J'ai pu donner un sens à ma vie".
Un message sonore de Manu Dibango à l'adresse de son fils est même diffusé lors du concert, ajoutant encore à l'émotion: "Je suis très content pour lui et je lui souhaite bonne route. La route est longue".
- Lien tardif avec Manu -
Rien n'était écrit d'avance pourtant pour cet artiste de 38 ans, "reconnecté" tardivement avec son père biologique. Enfance "privilégiée" dans la région parisienne, puis à 19 ans les Etats-Unis pendant 10 ans avec sa mère et son "père de coeur". Il se rêve alors basketteur. Mais la musique le rattrape.
"Lorsque ma mère a vraiment compris que je prenais la musique au sérieux, elle m'a révélé (le nom de) mon père biologique", assure-t-il à l'AFP.
"J'ai grandi dans l'amour, je n'avais pas gratté mon histoire à ce niveau-là et je me sentais en sécurité dans mon cocon. Peut-être aussi que je me voilais la face. J'avais un équilibre que je ne voulais pas perturber".
Puis tout s'enchaîne très vite. Il est remarqué par le label du rappeur américain d'origine sénégalaise Akon puis collabore avec des artistes de renom comme Snoop Dogg et Puff Daddy.
"Belle expérience mais pas aussi belle en termes de business qu'elle n'y paraissait. J'ai très vite compris que le business était très difficile". Fin de la parenthèse américaine, retour en France.
- "La boucle était bouclée" -
Puis, après des années de "blocage", retrouvailles avec "Manu" dans un hôtel parisien en 2012: "J'ai entendu sa voix, sa grosse voix, son grand rire et j'ai compris que j'allais être en face de ma destinée".
Mais "je voulais réussir par mes propres moyens, sans utiliser son nom. Je voulais qu'il sache qui j'étais", ajoute James BKS, médaillon doré autour du cou à l'effigie du pater.
Puis "il m'a emmené en tournée, m'a présenté ses musiciens et je suis tombé +amoureux+ de mon père. J'ai eu la chance de travailler avec lui, de bénéficier de ses conseils, de son parcours. Je me considère très chanceux car j'aurais pu passer à côté de tout cela".
"Mais la musique vient après, j'ai débord découvert l'homme. On s'est trouvé énormément de points en commun et ensuite il a partagé sa musique. Et j'ai découvert mes racines et l'Afrique. Ca a été un choc, c'était en moi mais c'était caché, endormi. La boucle était bouclée. Je me sentais complet".
Le titre "No Unga Bunga" est "particulier" car il est sorti quelques mois après la mort de Manu Dibango. "Je voulais parler d'héritage. La richesse, c'est le temps qu'une personne vous accorde, c'est le savoir qu'elle vous transmet".
Dans les tribunes de Rio Loco, son épouse et son fils de 4 ans assistent à sa performance. "La transmission, c'est important. J'ai été élevé dans un environnement sain, rempli d'amour et c'est ce que je souhaite à mon tour propager".