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Foot: en Allemagne, reprise réussie, suivie, mais fragile

Une réussite locale et de belles audiences mondiales: le Championnat d'Allemagne a montré l'exemple ce week-end en levant certains doutes liés à la reprise du football en pleine pandémie de coronavirus, mais il reste sous la pression d'un faux-pas sanitaire qui stopperait son élan.

Après la suspension de la compétition mi-mars, les dernières semaines ont été comme "des montagnes russes, à la fois excitantes et exigeantes", explique à l'AFP Robert Klein, chargé du développement à l'international de la Bundesliga. A l'arrivée, au terme de ce premier week-end de compétition post-interruption, "c'est un grand soulagement", poursuit-il.

S'il reste encore huit journées à disputer, avec son lot de questions à gérer, la Bundesliga a éclairci son horizon, alors que la planète foot reste dans le noir face au Covid-19.

Le joli but du prodige norvégien Erling Haaland lors du succès de Dortmund contre Schalke (4-0) dans un derby très animé, la victoire des stars du Bayern Munich, les tribunes vides des stades à huis clos ou les entrechoquements de coudes pour célébrer un but... L'Allemagne, en pionnière, a donné un aperçu du sport de haut-niveau en temps de pandémie.

- "Nouvelle normalité" -

"Je pense que ce sera la nouvelle normalité pendant un moment. Jusqu'à la fin de saison, il n'y aura pas de supporters (dans les gradins) et c'est possible que cela dure après", admet Robert Klein. "Jusqu'à ce que le coronavirus soit sérieusement sous contrôle - probablement pas avant qu'il y ait un vaccin -, cela continuera ainsi."

Bien que déroutantes, les images du Championnat ont été vues par millions, et dans le monde entier: la 26e journée de Bundesliga a été très suivie, preuve que les fans n'ont rien perdu de leur appétit de football.

En Allemagne, le diffuseur Sky a attiré samedi plus de six millions de téléspectateurs, un record. Pour Dortmund-Schalke à 15h30, ils étaient près de 3,7 M devant la chaîne, soit plus du double du score habituel pour une rencontre sur ce créneau horaire.

La même tendance à la hausse a été observée au Mexique, en Argentine, au Brésil, ou en Italie, où les championnats nationaux sont tous à l'arrêt.

Pour la première fois, un match de Bundesliga a été retransmis à la radio en Amérique latine, par le média mexicain W Deportes. "La priorité est, bien sûr, aux informations sur le coronavirus mais nous croyons que les gens veulent aussi écouter du football après autant de temps", explique à l'AFP Juan Carlos Zuñiga, commentateur sur la station.

"L'intérêt pour ces premiers matches a été comparable à celui pour une belle affiche de Premier League", continue-t-il. "J'ai aimé commenter Dortmund-Schalke, mais cela n'a pas été facile sans ambiance."

Au Royaume-Uni, BT Sport a enregistré une pointe à 652.000 téléspectateurs pour le derby de la Ruhr - son record se situe à 1,7 M pour une confrontation entre Liverpool et Arsenal en décembre 2018.

- "Plus stricte" -

Mais les chiffres, forcément flatteurs, viennent avec une contrepartie: celui d'être exemplaire, car le moindre écart au protocole sanitaire est vite repéré, et commenté, d'autant que les autorités ont brandi la menace d'arrêter la compétition en cas de violations répétées.

Samedi, le défenseur belge du Hertha Berlin Dedryck Boyata et l'attaquant français du Borussia Mönchengladbach Marcus Thuram ont fait réagir en embrassant brièvement l'un de leurs coéquipiers pour célébrer un but. Le premier s'est d'ailleurs excusé pour son geste sur les réseaux sociaux.

"Nous sommes observés de manière plus stricte que le reste de l'Allemagne", reconnaît l'attaquant du Bayern Thomas Müller.

"Je pense que les grandes lignes du protocole sanitaire ont été bien respectées durant le week-end", fait valoir Robert Klein, qui a indiqué que la Bundesliga serait heureuse d'épauler les autres championnats dans leur reprise.

"Nous sommes heureux de partager, non seulement notre protocole sanitaire, mais aussi tout le travail plus large qui a été fait pour obtenir le soutien des autorités locales et du gouvernement", poursuit-il.

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