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Chaque vendredi, des centaines de jeunes palestiniens se réunissent pour voir des coureurs automobiles amateurs et des motocyclistes tenter l'ascension d'une colline sablonneuse à la sortie de Gaza.
Sous les vivats de jeunes hommes, Sibaa Dormush, 37 ans, gilet noir, jeans bleus plus qu'ajustés, enfourche sa motocross blanche et amorce l'ascension de la colline escarpée, soulevant derrière son passage des jets de sable qui se perdent dans les rayons du soleil couchant.
En haut de la dune, sorte de piton de sable sur un terrain vague près de l'université Israa, des badauds s'agglutinent pour féliciter Sibaa qui redescend à toute vitesse, pour remonter immédiatement.
"L'ascension est vraiment difficile, il faut savoir bouger sa moto pour ne pas s'embourber", affirme le trentenaire sous les regards admiratifs d'adolescents.
"Il y avait deux sites pour faire de la moto comme ça, un près de la frontière égyptienne et celui-ci, mais ces temps-ci c'est ici (près de la ville de Gaza) que ça se passe", ajoute-t-il.
Des jeeps s'aventurent aussi sur la colline de sable, mais en ce vendredi de novembre, les véhicules s'enlisent dans le sable et doivent faire marche arrière en évitant d'empaler des jeunes sur la piste.
Sibaa, homonyme du motocycliste, 35 ans et dents gâtées, regarde le moteur ouvert de sa jeep usée après une ascension ratée. "Mon moteur a surchauffé", dit-il au crépuscule, à l'heure où le muezzin appelle à la prière du "maghreb", pendant que plusieurs fument le narguilé au bas de la pente.
Une fois le soleil couché, le ballet des motos et des jeeps s'interrompt avant le début du couvre-feu anticoronavirus dans la bande de Gaza, territoire palestinien paupérisé de deux millions d'habitants gouverné par les islamistes du Hamas et sous blocus israélien.
Depuis le début de la pandémie, les autorités ont enregistré plus de 9.500 cas de Covid-19, dont 45 morts, dans ce territoire densément peuplé, au chômage endémique (plus de 50%) et aux infrastructures de santé limitées.
Ces derniers jours, Gaza a enregistré une hausse des cas qui a poussé les autorités à fermer les commerces non essentiels à partir de 17H00 et à imposer un couvre-feu dès 20H00.