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Le Parlement de Hong Kong s'est réuni jeudi sans aucun élu pro-démocratie, après leur démission en bloc la veille, Pékin les accusant de "semer la confrontation" et rejetant les critiques de l'Occident.
Leur démission en bloc a transformé le Conseil législatif (LegCo) en un rassemblement de députés acquis à la cause de Pékin, alors que le camp pro-démocratie et les dissidents sont les cibles d'une répression accrue des autorités locales alignées sur le gouvernement chinois.
Celui-ci a engagé une reprise en main musclée de l'ex-colonie britannique pourtant censée jouir d'une semi-autonomie, un an après les manifestations historiques dont elle avait été le théâtre.
Les 15 députés pro-démocratie ont décidé mercredi de démissionner pour protester contre l'éviction de quatre de leurs collègues, dans la foulée d'une résolution prise par le parlement chinois, qui permet de révoquer tout législateur considéré comme une menace pour la sécurité nationale, sans même passer devant un tribunal.
"Hongkongais, préparez-vous à une longue, longue période où une seule voix se fera entendre au sein de la société", a déclaré jeudi aux journalistes rassemblés près du LegCo le parlementaire pro-démocratie Lam Cheuk-ting.
"Si vous êtes un dissident, préparez-vous à davantage de pressions".
Le chef de l'exécutif hongkongais -actuellement Carrie Lam- est choisi par des comités acquis à Pékin. Mais la moitié du LegCo est élue au suffrage universel direct, ce qui offre aux Hongkongais une opportunité rare d'avoir leur mot à dire sur la conduite des affaires du territoire. Les autres membres sont désignés au travers d'un système alambiqué qui donne de façon quasi certaine la majorité aux pro-Pékin.
Le LegCo était habitué aux joutes politiques virulentes, parfois même aux échauffourées entre camps opposés. Les pro-démocratie avaient de longue date l'habitude de se servir de toutes les tactiques d'obstruction possibles pour bloquer les projets de loi qui ne leur convenaient pas.
Les évictions et démissions font qu'il ne demeurera plus, au sein du LegCo, que deux parlementaires n'appartenant plus au camp pro-Pékin.
Pékin a condamné jeudi la démission collective des députés d'opposition, y voyant "une confrontation obstinée contre le gouvernement central et une contestation flagrante du pouvoir du gouvernement central".
"Nous devons avertir sévèrement ces députés d'opposition qu'il s'agit d'une tentative mal calculée de semer la confrontation en misant sur l'ingérence de forces étrangères afin de plonger Hong Kong dans le chaos", a déclaré dans un communiqué le Bureau des affaires de Hong Kong et Macao, cité par l'agence Chine nouvelle.
- L'UE dénonce -
L'Union européenne a pour sa part demandé jeudi à la Chine et au gouvernement de Hong Kong de "revenir immédiatement sur leurs décisions" et appelé "à la réintégration immédiate" des députés démis de leurs fonctions, par la voix de son haut représentant pour les affaires étrangères, Josep Borrell.
Londres avait dénoncé mercredi "une nouvelle attaque contre le haut degré d'autonomie et les libertés de Hong Kong" et Berlin avait critiqué une "tendance à saper le pluralisme et la liberté d'expression" dans l'ex-colonie.
De leur côté, les Etats-Unis avaient menacé mercredi la Chine de nouvelles sanctions pour avoir selon eux "violé de manière flagrante" l'autonomie de l'ex-colonie britannique. Lundi, Washington avait déjà imposé des sanctions à quatre responsables supplémentaires accusés d'y avoir restreint les libertés.
Interrogé lors d'un point de presse, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a rejeté jeudi les "accusations gratuites de quelques pays".
"Les pays étrangers n'ont aucun droit de faire des remarques irresponsables dans le but de s'ingérer" dans les affaires de Hong Kong, a-t-il martelé.
La répression à Hong Kong s'est matérialisée par l'entrée en vigueur cet été d'une loi drastique sur la sécurité nationale, qui a été imposée par Pékin sans vote au LegCo, un texte qualifié de liberticide par ses détracteurs.