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Donald Trump a promis mardi d'annoncer d'ici la fin de la semaine sa riposte au projet de loi controversé que la Chine veut imposer à Hong Kong, prévenant qu'il risquait de faire perdre au territoire son statut de place financière internationale.
Le président des Etats-Unis est "mécontent" face à l'intention de Pékin de priver l'ex-colonie britannique de son autonomie, a expliqué la Maison Blanche. Selon lui, il est "difficile d'imaginer comment Hong Kong peut demeurer une capitale financière si la Chine prend le contrôle".
Interrogé par la suite sur la possibilité de sanctions contre des responsables chinois -- comme le réclament des parlementaires américains --, Donald Trump a assuré qu'il préparait "quelque chose en ce moment même".
"Je pense que vous trouverez ça très intéressant", "vous allez en entendre parler avant la fin de la semaine, de manière très puissante", a-t-il dit, entretenant un certain mystère.
Ce dossier est venu détériorer encore un peu plus les relations entre les deux premières puissances mondiales, déjà tendues à l'extrême au sujet de la gestion du coronavirus.
Le pouvoir central chinois a déposé vendredi devant le Parlement un texte très controversé visant à interdire "la trahison, la sécession, la sédition et la subversion" à Hong Kong, qui a de nouveau mis le feu aux poudres dans la région semi-autonome. Il doit être examiné dès jeudi et Pékin a demandé son application "sans le moindre délai".
Riposte de Pékin après des mois de manifestations massives et souvent violentes en 2019 à Hong Kong, c'est aussi une réponse à l'incapacité des autorités locales de faire adopter ce texte qui avait déjà suscité par le passé une levée de boucliers.
Nombre de Hongkongais y voient l'atteinte la plus grave au principe "un pays, deux systèmes" censé leur garantir jusqu'en 2047 des libertés inconnues ailleurs en Chine.
Une inquiétude partagée par certaines capitales occidentales et les investisseurs étrangers, comme l'a illustré vendredi le plus fort décrochage de la Bourse de Hong Kong en cinq ans.
- "Aucune raison de paniquer" -
La cheffe de l'exécutif local, Carrie Lam, à la tête d'une équipe alignée sur Pékin, a donc jugé les inquiétudes des investisseurs "sans fondement".
"Les libertés de Hong Kong seront préservées, et son dynamisme, ses valeurs fondamentales en termes d'Etat de droit, d'indépendance de la justice et de libertés continueront d'être là", a-t-elle dit.
Le texte, a-t-elle ajouté, "ne cible qu'une poignée de délinquants et protège la vaste majorité d'habitants qui respectent la loi et aiment la paix". Elle a assuré que les manifestations antigouvernementales continueraient d'être autorisées si elles "se déroulent de façon légale".
Des propos qui font écho à ceux tenus la veille par le plus haut représentant de la Chine à Hong Kong, Xie Feng, qui a affirmé aux diplomates et aux entrepreneurs étrangers qu'il n'y avait "absolument aucune raison de paniquer" face à une loi visant "les forces violentes et terroristes".
De son côté, l'armée chinoise à Hong Kong a averti que la loi "punirait tout acte séparatiste".
Hong Kong a connu de juin à décembre sa pire crise politique depuis sa rétrocession en 1997, avec une contestation sans précédent de la tutelle chinoise. Ce mouvement a été émaillé de violents heurts avec les forces anti-émeute.
- Loi sur l'hymne -
Pékin n'a cessé de présenter cette contestation comme un complot soutenu par l'étranger. Les pro-démocratie affirmaient quant à eux que la rue était le seul moyen de se faire entendre en l'absence de suffrage universel.
Alors que la contestation avait marqué le pas à cause du coronavirus, des milliers de personnes ont de nouveau manifesté dimanche en réaction au projet de loi chinois.
Un point d'inquiétude est la disposition qui permettrait aux policiers chinois d'opérer à Hong Kong, dont la justice est pourtant censée être indépendante.
Nombreux y voient un risque de répression contre la dissidence, les lois contre la subversion étant fréquemment utilisées en Chine contre les critiques du régime.
"Libérez Hong Kong, la révolution de notre temps", avait en 2019 été le cri de ralliement des manifestants, qui redoutent désormais qu'un tel slogan ne soit passible de poursuites.
Mercredi, le Parlement local doit examiner un autre projet de loi criminalisant tout outrage à l'hymne chinois.
La police a d'ores et déjà renforcé les mesures de protection autour de ce complexe qui fut, en juin, le point de départ de la contestation.
bur-jta-jac-fff/leo