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Intoxication de collégiens dans le Jura: de l'émotion et un mystère

Au lendemain de l'intoxication aussi soudaine que massive qui a frappé une quinzaine d'élèves du collège de Morez (Jura) lors d'un cross organisé dans la région, les enquêteurs s’attachaient toujours vendredi à lever les nombreuses zones d'ombre de cette affaire.

Il s'agit plutôt d'une "infraction involontaire mais dans la mesure où, pour le moment, nous n’avons pas de piste privilégiée, aucune piste non plus n’est écartée y compris celle d’un acte volontaire", a observé le procureur de la République de Lons-le-Saunier, Lionel Pascal, lors d'une conférence de presse.

"C'est inhabituel et mystérieux", a-t-il poursuivi, notant que les enquêteurs étaient encore "très loin" d'avoir "trouvé un fil conducteur" susceptible d'expliquer cette intoxication collective. Si les analyses en cours "ne montraient rien", le magistrat n'a pas écarté l'hypothèse de "troubles psychosomatiques" chez certains collégiens.

Jeudi vers 15H30, lors d'un cross disputé par 80 élèves du collège Pierre-Hyacinthe Caseaux, à Morbier (Jura), une quinzaine d'entre eux avaient été pris de douleurs, de convulsions et de malaises après être passés sur un stand de ravitaillement.

Parmi ceux-ci, cinq jeunes filles ont été hospitalisées dont deux dans un état d'"urgence absolue", le pronostic vital de l'une d'elles, héliportée vers l'hôpital de Besançon, ayant même été un temps considéré comme "engagé".

Cette jeune fille de 14 ans était vendredi matin la seule toujours hospitalisée, selon la préfecture du Jura qui a précisé qu'elle se trouvait "dans un état stationnaire" et que les autres collégiens avaient pu regagner leur domicile.

Selon le procureur de Lons-le-Saunier, "un point commun" a toutefois été identifié parmi quatre des cinq adolescentes hospitalisées. Toutes avaient consommé une eau, contenue dans des pichets et que l'Autorité régionale de santé (ARS) n’a pas pu contrôler "car elle était saisie, sous main de justice".

Jeudi, le plan Orsec avait été déclenché et le centre opérationnel départemental activé, avant que le dispositif ne soit levé en début de soirée.

- "Les yeux qui battaient" -

"On courait et une copine est tombée, comme si elle faisait une crise", a raconté à l'AFP Laurine, une collégienne de 14 ans, à son arrivée dans un collège encore sous le choc vendredi matin.

Autour d'elle, des enfants fondaient en larmes à l'évocation des faits.

"Moi j’ai continué jusqu’au stand, j’ai mangé des brioches et bu du sirop et après j’ai eu mal au ventre, j’ai eu des crampes", se souvient l'adolescente "prise en charge et confinée jusqu’à 19H00" comme ses camarades.

"Ma maman m’a dit d’aller au collège aujourd’hui pour voir mes copines, leur parler", poursuit Laurine qui se promet de rendre visite à la cellule de soutien psychologique déployée pour accueillir les élèves.

"Quand la fille la plus durement touchée est tombée, y en a plein qui sont tombées par terre", raconte Soline, une élève de 3e. Une copine "me parlait, elle buvait du sirop et elle est tombée, elle avait les yeux qui battaient".

Deux jeunes filles enchaînent: "on se demande ce qui se passe, on voit les hélicoptères, des copines dans un mini-coma", commence la première. "Après, ça a été des réactions en cascade, au début y avait cinq personnes qui ont fait des sortes de crise d’asthme et après, avec l’angoisse il y a plein de monde qui est tombé", enchaîne la seconde.

"C'est l'ensemble de mon collège qui a été impacté", a relevé le principal de l'établissement Philippe Basille. Mais les élèves, même s'ils "se font un peu de souci pour leur amie" hospitalisée, "vont tous bien", a assuré le docteur Anne-Claude Elisseeff, responsable de la cellule d'écoute.

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