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Partisans et opposants à Donald Trump face à face, se narguant et s'invectivant devant le centre de conférences de Philadelphie, centre de dépouillement des bulletins de vote reçus par courrier: les tensions étaient palpables jeudi en Pennsylvanie, au surlendemain d'une élection présidentielle à l'issue encore incertaine.
Sur un trottoir, des dizaines de manifestants anti-Trump brandissent des panneaux appelant à "compter chaque bulletin", certains en dansant sur fond de musique bruyante.
En face, des manifestants pro-Trump, qui dénoncent le comptage de bulletins envoyés par courrier et arrivés après le scrutin: la Pennsylvanie autorise le comptage des bulletins postés jusqu'au 3 novembre inclus, s'ils arrivent jusqu'à trois jours après la date du scrutin.
"Le vote s'arrête le jour de l'élection", peut-on lire sur de petits panneaux rouges qu'ils brandissent en cette belle journée d'automne, au milieu de pancartes de campagne Trump-Pence, ou d'autres aux couleurs des "catholiques pour Trump".
Les positions sont clairement irréconciliables, chaque camp accusant l'autre de vouloir "voler" l'élection.
"Nous refusons d'accepter une Amérique fasciste", dit Emma Kaplan, 30 ans, chez les anti-Trump. "C'est un coup d'Etat. Trump est en train de monter un coup pour voler ces élections, et c'est illégitime", dit cette femme employée dans la décoration.
"La démocratie américaine est menacée", estime aussi Melissa Dunphy, professeure à l'université de Pennsylvanie. "On a un gouvernement qui a l'audace de dire qu'ils vont balayer les véritables résultats de l'élection, et essaye de la voler à celui qui je crois est le vrai gagnant."
- "Intégrité du vote" -
De l'autre côté, il n'est question que de corruption flagrante et de fraude orchestrées par le camp du démocrate Joe Biden.
"La corruption est largement répandue dans les Etats-clés", assure Diann Candan, policier à la retraite. "Ils ont arrêté l'élection le soir du vote pour pouvoir aller chercher de faux bulletins", affirme-t-il, alors qu'aucune fraude de ce genre n'a été déplorée par les autorités.
"Il n'y a aucun moyen de garantir l'intégrité du vote", affirme aussi Ray Cortez, technicien de 56 ans. "On ne sait pas qui remplit (les bulletins), on ne sait pas qui (les) apporte, donc ça devient un problème".
A plusieurs reprises jeudi, les deux parties ont échangé des invectives. Une jeune manifestante pro-Trump s'est approchée de ses adversaires pour leur faire un doigt d'honneur, et a immédiatement été insultée et traitée de "sataniste".
Pas d'affrontement physique, cependant: tout le quartier du "Pennsylvania Convention Center" - au coeur de cette métropole de 1,5 million d'habitants - est quadrillé par la police. Des policiers à vélo montent la garde à proximité immédiate des deux camps, et un hélicoptère tourne en permanence au-dessus du centre de conférences.
La Pennsylvanie, qui désignera 20 des 270 électeurs nécessaires pour remporter l'élection, est l'un des derniers Etats américains dont le gagnant n'est pas encore arrêté.
La responsable locale des élections, Kathy Boockvar, a indiqué jeudi que le gagnant en Pennsylvanie pourrait être connu d'ici la fin de la journée.