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Jacinda Ardern présente un "budget bien-être" pour la Nouvelle-Zélande

La Nouvelle-Zélande a dévoilé jeudi son premier budget "bien-être", qui devrait conforter la réputation d'empathie de la Première ministre Jacinda Ardern, louée pour sa compassion après le massacre des mosquées de Christchurch, mais lui a valu les critiques narquoises de l'opposition.

En annonçant un budget présenté comme une première mondiale pour sa façon de mesurer les progrès économiques, Mme Ardern a évoqué une augmentation des dépenses publiques en matière de santé mentale, d'allocations pour les populations indigènes et de pauvreté des enfants.

"Nous avons dit que nous voulions être un gouvernement qui fait les choses différemment et, avec ce budget, c'est précisément ce que nous avons fait", a-t-elle dit. "Nous avons créé les bases non seulement d'un +budget bien-être+ mais aussi d'une approche différente de la prise de décision gouvernementale dans son ensemble".

L'opposition n'a pas caché son scepticisme. "Apparemment, il s'agit de mesurer vos réactions par rapport au soleil et à la lune, améliorer votre contrôle de vous-même et votre capacité à être vous-même", a ironisé une porte-parole de l'opposition, Amy Adams. "Je n'ai pas la moindre idée de ce que cela signifie et, en dehors de la bureaucratie de Wellington, je ne suis pas sûr que quelqu'un le sache", a-t-elle ajouté.

Balayant ces critiques, la cheffe du gouvernement a défendu un budget qui répond selon elle au programme économique qu'elle s'était engagée à mettre en oeuvre pendant la campagne électorale de 2017.

Mme Ardern, saluée de toutes parts pour sa détermination et son empathie après les tueries qui avaient vu un suprémaciste blanc tuer 51 fidèles dans deux mosquées en mars, a déclaré que le budget accordait la priorité aux citoyens, devant les indicateurs économiques.

Le gouvernement prévoit un excédent budgétaire de 3,5 milliards de dollars néo-zélandais (deux milliards d'euros) pour l'exercice en cours (juillet 2018 à juin 2019), qu'il espère voir passer à 6,1 milliards de dollars à l'horizon 2022-23.

Il table sur une croissance économique de 2,7% en moyenne sur la même période. Des indicateurs tels que l'espérance de vie, les niveaux d'éducation, la qualité de l'air et "le sentiment d'appartenance" ont également été pris en compte.

C'est le royaume du Bhoutan qui a évoqué pour la première fois l'idée que le bien-être doit prendre le devant sur la croissance, dans les années 1970, avant de créer en 2008 son indice mondialement connu du Bonheur national brut.

D'autres pays ont mis en avant ce concept mais le gouvernement néo-zélandais affirme que c'est la première fois qu'il est intégré à des arbitrages budgétaires.

Néanmoins, le message a été quelque peu brouillé par un couac, quand il est apparu qu'une photographie utilisée par le gouvernement pour présenter son budget était celle d'une mannequin contrainte de quitter la Nouvelle-Zélande en raison de la hausse du coût de la vie à Auckland.

L'actrice Vicky Freeman, qui figure sur une photo d'illustration, a expliqué au New Zealand Herald être partie de Nouvelle-Zélande en décembre car la vie y était trop chère. "Je ne pouvais pas payer mon loyer. J'ai dit à ma fille, +Je ne peux pas passer une année supplémentaire ici+".

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