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Joe Biden toujours plus près de la Maison Blanche, l'attente n'en finit pas

Joe Biden était samedi quasi assuré de ravir la Maison Blanche à Donald Trump, même si l'annonce du vainqueur restait suspendue au dépouillement dans une poignée d'Etats-clés qui maintiennent l'Amérique et le monde sur les nerfs depuis quatre jours.

Le président républicain semble toujours aussi peu enclin à accepter une potentielle défaite. Dans une série de tweets matinaux, immédiatement épinglés comme "trompeurs" par le réseau social, il a de nouveau évoqué, sans preuve, des "dizaines de milliers de bulletins arrivés illégalement" et un manque "grossier" de transparence sur le dépouillement.

Placé en tête dans les premiers résultats en Pennsylvanie et Géorgie, Donald Trump a fini par être dépassé par son rival, à mesure que les bulletins arrivés par courrier, une méthode plébiscitée par les démocrates, étaient dépouillés.

"Les chiffres offrent une tableau clair et convaincant: nous allons gagner cette élection", en a conclu, sûr de lui, l'ancien vice-président de Barack Obama, dans une allocution vendredi soir depuis son fief de Wilmington.

"Nous sommes en bonne voie de décrocher 300 grands électeurs", a-t-il ajouté. Soit bien au-delà du "chiffre magique" de 270 -- la majorité du collège électoral -- ouvrant les portes de la Maison Blanche.

Mais les écarts restent très serrés dans cinq Etats -- Pennsylvanie, Géorgie, Nevada, Arizona et Caroline du Nord -- et aucun grand média ne s'est encore risqué à prononcer un vainqueur.

Cette attente interminable alimente les tensions dans le pays, avec des manifestations des partisans des candidats, notamment autour des centres de dépouillement. Dans les grandes villes, les commerces conservent les panneaux de bois installés pour se protéger d'éventuelles violences post-électorales.

- "Bananes vertes" -

Donald Trump a lancé dès mercredi une offensive juridique et médiatique pour jeter le doute sur la validité des résultats. Vendredi, il ne s'est pas exprimé publiquement mais il a menacé dans un tweet de se battre jusqu'au bout: "les procédures judiciaires ne font que commencer!"

Fidèle à sa stratégie d'apaisement, son rival a lui appelé les Américains à la patience, après une campagne très agressive. "Il est temps de nous rassembler", a déclaré ce vieux routier de la politique. "Nous devons surmonter la colère".

Avec près de 29.000 d'avance, Joe Biden, 77 ans, est désormais en tête en Pennsylvanie, Etat-clé qui avec ses 20 grands électeurs pourrait lui permettre de franchir en vainqueur la ligne d'arrivée.

S'il l'emporte dans cet Etat industriel, il deviendra le 46e président américain, quelle que soit l'issue du dépouillement ailleurs.

Samedi, son camp spéculait sur une annonce rapide en ce sens.

"Bon samedi! C'est pour aujourd'hui", a tweeté un responsable de sa campagne Rufus Gifford.

Le vice-gouverneur de Pennsylvanie, John Fetterman, un démocrate, a conseillé aux avocats du président arrivés dans son Etat pour contrôler les opérations de dépouillement de ne "pas acheter de bananes vertes" car "cela ne va pas durer très longtemps".

- Recomptage en Géorgie -

Vendredi matin, le dépouillement en Géorgie, qu'aucun démocrate n'a remportée depuis 1992, avait également basculé en faveur de Joe Biden. Mais la marge est tellement "serrée" qu'il y aura un nouveau décompte des votes.

Le compteur restait donc encore bloqué: 253 ou 264 grands électeurs pour Joe Biden, selon que les médias lui aient ou non attribué l'Arizona, et 214 pour Donald Trump.

Autre coup dur pour le président: son chef de cabinet Mark Meadows a été testé positif au Covid-19, tout comme cinq autres employés de la Maison Blanche, selon des médias américains.

Le virus, qui a fait plus de 236.000 morts aux Etats-Unis, a empoisonné la campagne de Donald Trump, plombant son bilan et allant jusqu'à le contaminer lui et son épouse Melania. Malgré ses 74 ans, il s'est rapidement remis et s'était relancé dans la campagne avec un vigueur indéniable.

Malgré les sondages qui avaient envisagé le basculement de certains bastions républicains, Donald Trump s'est imposé en Floride ou au Texas, et les élus du parti semblent en passe de conserver le Sénat. Ils ont même grappillé la majorité démocrate à la Chambre des représentants.

- Recours judiciaires -

Le parti semblait toutefois divisé sur l'attitude à adopter face aux accusations de fraudes électorales brandies par Donald Trump.

"Je peux vous dire que le président est en colère et je suis en colère, et les électeurs devraient être en colère", a déclaré le sénateur Ted Cruz.

"Nous n'avons entendu parler d'aucune preuve", a au contraire souligné Chris Christie, ex-gouverneur du New Jersey et allié du président, mettant en garde contre le risque d'attiser les tensions.

Le conservateur Wall Street Journal a estimé que le président devrait "concéder sa défaite avec dignité" si Joe Biden était déclaré vainqueur.

"Le bilan de M. Trump serait nettement abîmé si sa dernière action consistait à refuser avec amertume de concéder une défaite légitime", ont écrit ses éditorialistes.

Le président avait déclaré dans la première nuit post-élection qu'il avait gagné le scrutin et qu'il ferait intervenir la Cour suprême, restant évasif sur les motifs.

En réalité, ses avocats ont lancé de multiples actions judiciaires au niveau des Etats.

Les démocrates estiment les plaintes sans fondement, mais ces recours pourraient retarder de plusieurs jours ou semaines l'homologation des résultats.

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