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Journal de bord d'un réanimateur: "La seconde vague"

Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne pour traiter la vague de patients atteints par le coronavirus, un anesthésiste-réanimateur livre tous les jours pour l'AFP, sous couvert d'anonymat, le résumé de sa journée en pleine crise sanitaire.

- Mercredi 29 avril -

La vie reprend son cours normal peu à peu à l'hôpital. Nous aurons encore une quinzaine de lits supplémentaires ouverts jusqu'à la fin du mois de mai, date à laquelle la seconde vague devrait pointer le bout de son nez, si cela a lieu.

Les chirurgiens reprennent peu à peu leur activité de consultations et d'opérations, les médecins commencent à quitter les unités d'hospitalisation Covid hors réanimation, les équipes médicales et paramédicales venues nous aider pour les mises en décubitus ventral, le transport des patients ou pour assurer un lien avec les familles quittent petit à petit les services de réanimation.

Les collègues de province peuvent rentrer chez eux. Les choses se calment. La suite sera-t-elle plus difficile ? Probablement. Cela dépend de la survenue ou non de cette fameuse seconde vague, de son intensité, de son lot de surprises avec laquelle elle arrivera.

A ce moment-là, il est probable que l'engouement général que nous avons connu ces dernières semaines pour venir nous aider sera moins criant, que nous commencerons déjà à nous inscrire dans une certaine routine Covid, et que nous serons bien plus seuls pour assurer le travail.

Si le confinement n'a pas été réimposé, il est probable que ceux qui le peuvent préféreront partir en vacances, se reposer, ou simplement poursuivre leur activité professionnelle habituelle.

Je suis peut-être pessimiste mais je pense que cette seconde vague aura un caractère hautement plus douloureux pour nous. De fatigue, d'isolement, d'épuisement.

L'entraide interprofessionnelle que nous avons connue pendant deux mois était certes très belle et nous a énormément aidés à tout point de vue. Malheureusement, je suis certain qu'elle a ses limites. Que les gens se lassent. Et que la rechute sera difficile.

Nous allons devoir réapprendre à travailler dans l'ombre. Cela ne me pose aucun problème. J'étais assez mal à l'aise avec cette image de héros à laquelle nous avons été associés pendant deux mois.

Mais cela risque de jouer sur le moral des troupes. Nous allons retrouver une position normale dans des conditions de travail toujours aussi irréelles pour nous.

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