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Une trilogie autour du monde pour Teddy Riner: pendant un mois, de Brasilia à Perth, en passant par Abou Dhabi, le boss des poids lourds joue au globe-trotter. Pour se replacer dans la course à la qualification olympique, huiler son judo et mieux cerner ses nouveaux adversaires.
"Bien se placer dans la +ranking list+ olympique, aller chercher des informations par rapport à moi-même, sur ma condition du moment, et prendre des informations sur les adversaires" pour arriver "avec une belle panoplie pour aller chercher" l'or olympique pour la troisième fois dans moins de dix mois à Tokyo, du jamais-vu chez les poids lourds : voilà comment Riner résume à l'AFP ce qu'il attend de cet enchaînement de tournois.
Première escale mardi dans la capitale brésilienne.
- A la chasse aux points -
On l'oublierait presque, mais avant de viser le Graal olympique, il faut commencer par se qualifier. Pour cela, le plus simple est de faire partie des dix-huit meilleurs judokas mondiaux dans chaque catégorie de poids, en l'occurrence pour Riner, celle des +100 kg.
Comme il n'a pas combattu entre novembre 2017 et juillet 2019, tout double champion olympique en titre et décuple champion du monde qu'il est, il est logiquement distancé pour l'instant : avec 700 points - le pécule hérité de sa victoire au Grand Prix de Montréal, la deuxième catégorie de tournois du circuit mondial, début juillet pour son retour à la compétition - il pointe au 36e rang. Hors des qualifiés virtuels pour les JO-2020, dont la liste sera arrêtée selon la hiérarchie mondiale au 31 mai prochain.
Avec le triptyque Brasilia-Abou Dhabi (26 octobre)-Perth (4 novembre), le premier objectif de Riner est ainsi d'opérer une remontée vers les sommets du classement. Au mieux, sa tournée peut lui rapporter 2700 points (1000, 1000 et 700). A titre de comparaison, l'actuel N.1 de ce classement olympique, le Tchèque Lukas Krpalek, en compte près de 4500.
- Retrouver des sensations -
A Montréal, de retour après vingt mois sans compétition, Riner avait connu "pas mal d'hésitations".
"Le fait de ne pas avoir fait de compétition depuis un certain moment fait que je n'ai pas beaucoup d'automatismes, que je n'ai pas eu mon judo en dynamisme", avait-il expliqué.
Parmi les axes de travail, son entraîneur à l'Insep Franck Chambily avait identifié vélocité, précision et "surtout, qu'il ose plus".
Retrouver ses sensations sur les tapis, c'est l'autre chantier de Riner, du Brésil à l'Australie.
"Tokyo, ce sera mes quatrièmes JO, mais ils ont une saveur particulière parce que c'est au Japon, là où tout a commencé pour mon sport, développe-t-il. L'objectif, c'est de revenir au meilleur de ma forme, si ce n'est encore plus fort. Et ça commence par des tournois qualificatifs comme ceux qui se profilent."
"Aujourd'hui, je ne peux pas dire que je suis à 100%. Il va falloir du temps, reconnaît Riner. Ça va me permettre de prendre un maximum d'informations à chaque fois, de reprendre un peu les automatismes de compétition. Et de prendre confiance en moi pour aller vers ces Jeux."
"C'est bien de faire un enchaînement, ça fait partie de la préparation", complète-t-il.
- Mieux appréhender ses adversaires -
"Ils ne m'ont pas attendu, c'est à moi de raccrocher les wagons", lançait Riner début juillet à propos de ses adversaires.
Au Québec, où il a étiré à 148 sa vertigineuse série de combats remportés consécutivement, lui qui est invaincu depuis plus de neuf ans (septembre 2010), il s'est notamment mesuré pour la première fois à Krpalek, champion olympique en titre des -100 kg monté depuis en poids lourds. Il lui a fallu près de six minutes pour en venir à bout.
Les deux combattants pourraient se retrouver en demi-finale à Brasilia. Entre temps, Krpalek a été sacré champion du monde des +100 kg début septembre, en l'absence de Riner.
Avant cela, le judoka français va découvrir un nouvel adversaire dès son entrée en lice, Kokoro Kageura, actuel N.2 japonais en poids lourds derrière Hisayoshi Harasawa.
"Ça me permet de faire de l'entraînement, et d'avoir un maximum d'informations qui me permettront d'évoluer et de progresser, ça aussi, c'est important", conclut Riner.