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Ouvrir les concerts de Catherine Ringer et Véronique Sanson "l'intimidait", pourtant la pétillante Juliette Armanet a parfaitement tenu son rôle de chauffeuse de salle et lancé sur d'excellentes bases le Printemps de Bourges, mardi soir pour la journée inaugurale.
Ringer et Sanson "sont des piliers de la chanson française. Je les admire pour des raisons très différentes. Mais ce qu'il y a à piocher en elles c'est le feu. Elles ont ça en commun d'être flamboyantes, très libres dans leur art", déclarait Armanet en conférence de presse dans l'après-midi.
Et "flamboyante", elle l'a été aussi Juliette.
Elle a déboulé sur scène comme un petit bolide, sautillant dans son costume argenté brillant. La nuit n'est pas encore couchée sur les bords de l'Auron, mais c'est déjà soir de fête pour les spectateurs venus en nombre devant la scène du W, sans pour autant la remplir.
Après avoir débuté, assise au piano, par "Manque d'amour", Juliette Armanet ne résiste pas à semer un peu de désordre en demandant "à ceux que ça intéresse" de se lever de leurs chaises. "Ca fera des histoires, mais un peu de vie, c’est bien aussi", suggère-t-elle.
"L'indien", son hit groovy et dansant lui donne raison. Sa voix, ses sourires, ses clins d’œil font le reste. Il en sera ainsi durant les 45 minutes de son concert, avec en point d'orgue "L'amour en solitaire" qu'elle fait partager à tous avec une forte émotion.
Devaient succéder à cette "petite amie", la diva punk Catherine Ringer et la pasionaria Véronique Sanson. Preuve que le talent se conjugue au féminin pour cette journée inaugurale du Printemps, qui mise sur la parité pour sa 42e édition.
- Ringer chante Higelin -
L'ex-moitié des Rita Mitsouko est une habituée du Printemps pour y avoir joué plusieurs fois avec Fred Chichin. Mais cette fois, elle vient défendre son deuxième album solo, le bien nommé "Chroniques et fantaisies" dans lequel elle s'amuse de son âge, 60 ans, et du fait d'être "senior".
Ce qui ne l'empêche nullement de conserver son tempérament fougueux sur scène, ni de rouler des "rrrrr" quand il s'agit de reprendre les tubes des Rita.
"J'interprèterai aussi une chanson de Jacques Higelin", a confié à l'AFP Catherine Ringer, qui avait pris part au vibrant hommage rendu au poète-rock disparu le 6 avril. Au Cirque d'hiver, elle avait repris "L comme beauté" a capella. Qu'en sera-t-il à Bourges?
Enfin, la soirée devait être clôturée par Véronique Sanson, qui n'en finit pas de se produire un an et demi après la parution de son dernier opus "Dignes, dingues, donc...".
La chanteuse sera elle aussi au piano, pour jouer ses récents morceaux, dont le très émouvant "Et je l'appelle encore" dédié à sa mère, mais évidemment ses nombreux hits ("Amoureuse", "Chanson sur une drôle de vie", "Vancouver", "Ma révérence"...) qui couvrent une brillante carrière longue de 46 ans.
Dans le sillage de cette soirée inaugurale cent pour cent féminine, le Printemps de Bourges continuera de mettre les femmes en vedette toute la semaine, afin de respecter la parité chez les artistes programmés.
Un pari lancé par les organisateurs, auquel a été sensible la ministre de la Culture Françoise Nyssen, qui sera présente à Bourges mercredi et participera notamment à une conférence sur le thème de la place des femmes dans la culture.
Mercredi, les autres femmes derrière le micro se nommeront Jeanne Added, désormais en solo mais avec toujours autant d'énergie, la jeune violoncelliste et chanteuse brésilienne Dom La Nena ou encore la délicate chanteuse belge Mélanie De Biasio.
Les hommes seront un peu en retrait, mais Rag'n'Bone fera tout de même entendre sa forte voix blues et le prometteur Tamino, sur lequel plane l'ombre de Jeff Buckley, pourrait bien être un des chocs du festival.