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La folle semaine de la livre, ballotée par le Brexit

L'accord de Brexit entre Londres et Bruxelles a envoyé la livre à de nouveaux sommets en cinq mois jeudi à l'issue d'une semaine de folle volatilité, la devise ayant bondi ou chuté à chaque gros titre sur les négociations.

Dans la foulée de l'annonce du compromis, la livre sterling a bondi d'environ 1% face au dollar jusqu'à 1,2990 dollar, un peu moins face à la devise européenne à 85,76 pence pour un euro, des niveaux plus vus depuis mai.

Cet élan est retombé comme un soufflé quand deux partis britanniques ont signifié qu'ils ne soutenaient pas le texte en l'état, faisant craindre son rejet au Parlement ... et un retour à la case départ.

Ces énièmes rebondissements témoignent d'une semaine aux allures de montagnes russes pour la devise britannique, qui a renoué avec des niveaux de volatilité face au dollar plus vus depuis un an.

"La livre évolue en dents de scie, les marchés peinent à trouver un point d'équilibre au milieu du chaos", remarque Sebastien Clements, analyste chez OFX.

Tout a commencé jeudi dernier lorsque Boris Johnson et son homologue irlandais ont assuré entrevoir un "chemin" vers un compromis sur la question clé de la frontière irlandaise. Une déclaration surprenante alors qu'un accord était considéré comme "extrêmement improbable" au début de la semaine.

Malgré le manque de détails et après une réaction d'abord prudente, les marchés se sont emballés et la livre a gagné près de 2% face au dollar et à l'euro: des mouvements très importants pour le colossal marché des devises.

Vendredi, la devise britannique a poursuivi sur sa lancée, accumulant en deux jours près de 4% de gains face au dollar et de 3% face à l'euro.

Après un accès de faiblesse lundi, dû à des bruits de couloir moins positifs à Bruxelles sur l'issue des négociations, la livre a repris sa hausse à marche forcée.

Mardi, mercredi et jeudi, elle a atteint de nouveaux plus hauts depuis mai face à l'euro et au dollar, dopée par l'optimisme concernant un accord... Avant de décrocher jeudi quand les craintes d'un échec de l'accord et le spectre d'une sortie de l'UE sans accord ont refait surface.

Au total, en une semaine, la devise a pris environ 4,7% face au dollar et 3,4% face à l'euro, mais reste toutefois encore bien en-dessous de ses niveaux d'avant le référendum de juin 2016.

En temps normal, la devise réagit aux évolutions de la politique monétaire ou aux nombreux indicateurs économiques. Mais depuis plusieurs mois, le Brexit est devenu le principal facteur d'évolution de la livre, faisant d'elle un bon indicateur de l'opinion des investisseurs à propos des modalités de la sortie de l'UE.

Les milieux d'affaires scrutaient chaque pas des négociations car une sortie de l'UE négociée serait beaucoup plus douce pour l'économie britannique qu'un divorce sans accord qui s'accompagnerait d'une réintroduction brutale de barrières douanières.

L'évolution de la livre donne également le "la" du marché britannique depuis des mois, le cours de la livre influençant les résultats des multinationales exportatrices comme celui des petites entreprises qui voient le coût de leurs approvisionnements importés fluctuer au gré de la devise.

- La balle à Westminster -

Selon David Madden, analyste pour CMC, la remontée impressionnante de la livre ces derniers jours montre à quel point les craintes d'un "no deal" avaient été intégrées dans les cours.

Entre début mai et la mi-août, la livre avait en effet perdu près de 9% face à l'euro et au dollar.

Les regards vont maintenant se tourner vers Westminster où les députés devront se prononcer sur le texte samedi.

Le chef du parti travailliste, principale formation d'opposition au Royaume-Uni, a appelé les députés britanniques à "rejeter" l'accord entre Londres et l'Union européenne, rendant très incertaine son adoption par le Parlement, d'autant que le parti nord-irlandais DUP y est également opposé.

"Il y a toujours une bonne chance que nous nous dirigions vers un report et une élection" au Royaume-Uni, a signalé Craig Erlam, analyste pour Oanda.

Les investisseurs désirant profiter de la forte volatilité de la livre ont probablement encore de beaux jours devant eux.

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