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La nouvelle stratégie de Facebook, les principes-clés

Le virage stratégique de Facebook annoncé mercredi suppose un recentrage sur des canaux de communication plus éphémères, plus restreints, plus privés et censés être plus protecteurs de la vie privée des usagers. Cette transformation, qui prendra des années, s'articule autour de plusieurs principes.

- Le privé, l'intime: les nouveaux piliers -

L'idée centrale pour Facebook est de donner progressivement la primauté aux échanges privés par messageries, dont détient parmi les deux plus importantes, Messenger et WhatsApp (racheté en 2014).

Actuellement, le cœur de Facebook et ce qui a fait son succès est le "Fil d'actualités" où défilent les publications des personnes, groupes ou organisations auxquelles on s'intéresse, le tout géré par des algorithmes qui trient et hiérarchisent en fonction de nos préférences.

Ce qu'on publie soi-même est visible soit par ses "amis" (qui peuvent être extrêmement nombreux) soit par tous les utilisateurs sans distinction, si on choisit d'avoir un profil "public".

C'est aussi sur sur ce fil que défilent des publicités (qui portent la mention "sponsorisé"), là encore ciblées vers les utilisateurs en fonction des données personnelles que l'on fournit soi-même, ou récupérées par Facebook (sites visités, contacts du carnet d'adresses...) via de nombreux moyens dont la multiplicité et l'opacité lui valent des critiques incessantes.

Or, si Facebook a bâti son empire grâce à ce système basé sur les données et sur la publicité, le modèle commence à montrer ses limites: les scandales se multiplient autour des données personnelles et surtout, "nous voyons déjà que les messages privés, les +stories+ (petits montages de texte/photos/vidéos, NDLR) éphémères et les petits groupes sont de loin les formats de communication en ligne qui croissent le plus vite", selon le PDG de Facebook Mark Zuckerberg.

Enfin, Facebook n'a plus assez de place pour glisser de la publicité sur sa plateforme principale, tant elle est saturée. D'où l'idée de miser davantage sur Instagram (réseau de partage de photos, où on peut aussi désormais aussi envoyer des messages privés), et ses messageries Messenger et WhatsApp, trois réseaux qui connaissent un très grand succès.

- Le cryptage et la sécurité -

"Les communications privées des gens devraient être sûres. Le cryptage de bout-en-bout empêche quiconque --nous y compris-- de voir ce que les gens partagent sur nos services", affirme Mark Zuckerberg, promettant --sans donner de date-- de crypter les contenus des messageries privées (ceux de WhatsApp le sont déjà).

C'est un pari risqué financièrement pour Facebook car il supprime ainsi un de ses moyens de récupérer des données et les messageries sont un véhicule pour l'instant moins évident pour les annonceurs publicitaires. Il ôte aussi tout contrôle possible sur les contenus problématiques qui se répandent via messagerie (fausses infos, appels à la violence, etc).

D'ailleurs, soucieux de mettre en avant la "sécurité" de ses usagers, pour laquelle Facebook fera "tout ce qu'il peut", son patron précise que cela se fera "dans les limites de ce qui est possible dans le cadre d'un système crypté".

- L'éphémère et le stockage -

"Les gens devraient rester à l'aise (sur les réseaux) et ne devraient pas avoir à s'inquiéter du fait que ce qu'ils partagent ressurgisse plus tard et leur fasse du tort", affirme M. Zuckerberg, qui promet de limiter la durée de conservation des messages et des "stories".

Coté stockage, le groupe s'engage à ne pas stocker "des données sensibles" dans des serveurs situés dans des pays "connus pour des violations de droits humains, comme la confidentialité ou la liberté d'expression". Sans la nommer, le patron de Facebook vise essentiellement la Chine.

- L'unification -

Facebook promet de rendre ses services techniquement compatibles de façon à ce que l'on puisse "communiquer facilement et en toute sécurité" d'un service à l'autre, que l'on utilise Messenger, Instagram Direct ou WhatsApp. Le groupe propose à terme d'étendre cette interopérabilité aux SMS.

Mark Zuckerberg veut faire de Facebook un genre de plateforme unifiée qui permette toutes sortes d'interactions plus privées mais dont certaines pourront apporter de nouveaux relais de croissance, comme les échanges avec les entreprises et les commerces, ou encore les paiements électroniques.

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