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Le spectre de la crise de la dette revient en Europe du Sud, avec des marchés qui buvaient la tasse mardi, pénalisés par la crise politique italienne.
La troisième économie de la zone euro est plongée dans l'incertitude avant la formation du gouvernement de l'économiste Carlo Cottarelli, que les partis populistes ont annoncé vouloir rejeter pour revenir au plus vite devant les urnes.
Face à cette situation, les taux d'intérêt du pays se sont tendus significativement, entraînant dans leur sillage ceux de ses voisins espagnols, portugais et grecs.
En outre, les Bourses européennes étaient malmenées. Mardi vers 14H20 GMT, l'indice Mib à Milan perdait 1,53%, l'Ibex35 à Madrid lâchait 1,97%, tandis que le CAC40 à la Bourse de Paris baissait de 0,90%, le FTSE100 à Londres de 1,02% et que le Dax à Francfort s'affaissait de 0,95%.
Si la page de la crise de la dette semble tournée, les dernières évolutions de la situation politique italienne commencent à raviver son souvenir.
"Nous observons aujourd'hui un vrai phénomène de panique sur l'Italie ainsi qu'une petite contagion sur les autres pays qui commence à devenir inquiétante", a commenté auprès de l'AFP Gilles Pradere, gérant obligataire senior de RAM Active Investments, basé à Genève.
Les investisseurs s'inquiètent déjà du résultat des nouvelles élections italiennes, qui auront lieu vraisemblablement à l'automne ou "au plus tard" début 2019.
"La probabilité de se retrouver dans la situation initiale, avec une réunion des extrêmes" renforce les craintes "sur le maintien de l'Italie dans la zone euro", a estimé auprès de l'AFP, Jean-François Robin, un stratégiste obligataire de Natixis.
En outre, "les élections pourraient avoir lieu au moment où la BCE met un terme à son programme de Quantative Easing", c'est-à-dire de rachat d'actifs, ce qui renforcera la méfiance des investisseurs, a souligné Antonio Cesarano, chief global strategist à Intermonte.
Les marchés surveillaient également la situation politique en Espagne, où les socialistes ont déposé vendredi une motion de censure pour tenter de renverser le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy.
- "Risque politique" -
"Il n'y a aucun risque qu'un parti avec une idéologie similaire à celle que l'on voit en Italie (antisystème) puisse arriver au pouvoir", même si la motion de censure renversait le gouvernement Rajoy en fin de semaine, a affirmé à l'AFP Antonio Sales, analyste chez XTB Broker.
Selon les spécialistes, l'Espagne était ainsi essentiellement victime de la contagion par l'Italie.
"Il faut aussi prendre en compte le fait que les marchés avaient beaucoup grimpé (ces dernières semaines), près de leurs plus hauts niveaux", a souligné Nuria Alvarez, analyste chez Renta 4.
"Nous sommes sur une crise très italienne, beaucoup plus qu'en 2011-2012, ce sont les problèmes italiens qui se propagent aux dettes des autres pays alors que l'économie va bien", a commenté M. Robin, de Natixis.
"C'est l'Italie qui déclenche un risque politique sur la zone euro, ce n'est plus un risque financier ou bancaire", a-t-il souligné.
Depuis la crise de 2011, "l'Europe a mis en place différents instruments pour éviter une contagion rapide", a rappelé M. Pradere de RAM Active Investments.
Pour l'heure, "l'économie opère de façon relativement normale", selon lui.
Etant donné que la crise est récente, les entreprises ayant besoin de financement peuvent différer leurs émissions d'obligations, a expliqué le spécialiste.
"Mais si elle dure et que les conditions de financement se resserrent énormément, ça amènera une réponse de la Banque centrale européenne, qui ne peut toutefois pas tout maitriser", a-t-il détaillé.