Accueil Actu

La Sûreté de l’Etat a rendu son rapport: "Il y a une grosse inquiétude sur l’extrême droite"

La Sûreté de l'Etat a remis hier son rapport annuel d'activités. De nombreux points sont abordés, comme les missions des services de renseignements au sein des prisons, la surveillance de l’extrême droite et du contre-espionnage.

Claude Moniquet, expert en contre-terrorisme a apporté des éclairages sur ce rapport, en direct, dans le RTL Info 13 heures d’Alix Battard.


A.B.: Allons un peu plus loin sur les missions des services de renseignements. Depuis peu, ils surveillent aussi les prisons.

C.M.: Jusqu’en 2015, il n’y avait que l’administration pénitentiaire qui s’intéressait à la radicalisation dans les prisons. Et en 2015, la Sûreté a créé une cellule dédiée, qui travaille à l’administration. Ils étaient 2 fonctionnaires en 2015, ils sont 12 en 2018, cela donne une idée de l’importance de la menace. La Sûreté estime d’ailleurs que la radicalisation en prison ne faiblit pas. En 2017, 600 rapports ont été émis par la Sûreté sur des questions touchant des détenus radicalisés. 600 rapports, sur un total de 9.000 rapports émis sur toute l’année, sur tous les sujets. On voit que c’est très important.


A.B.: On apprend aussi dans ce rapport que les écoles coraniques pullulent dans notre pays.

C.M.: Les écoles coraniques ont tendance à se multiplier et sont gardées à l’œil, parce qu’on y constate souvent une pénétration extrémiste, pas djihadiste, mais extrémiste, islamiste, salafiste. Mais le plus inquiétant aussi, c’est que certains parents décident d’élever leurs enfants chez eux, ce qui est autorisé par la loi. Et dans ces cas-là, on constate que 20% des familles qui enseignent à leurs enfants à domicile sont reliées à des mouvements extrémistes.


A.B.: Sous surveillance aussi, l'extrême droite et l'extrême gauche dans notre pays ?

C.M.: L’extrême gauche reste à un niveau stable, pas très inquiétant pour le moment. En revanche, il y a une grosse inquiétude sur l’extrême droite, parce qu’on remarque une recrudescence, une renaissance, des mouvements extrémistes néonazis et prônant la violence. Et également, une tendance de ces mouvements à s’armer, donc à tenter de se procurer légalement ou illégalement des armes pour leurs militants. Evidemment, dans le contexte de crise actuel, et dans le contexte de crise entre autres autour de l’immigration et de montées de mouvances identitaires partout en Europe, c’est un phénomène inquiétant.


A.B.: Nos services de renseignement font aussi du contre-espionnage. Et là on découvre que la Chine est partout.

C.M.: Il y a très clairement trois cibles pour le contre-espionnage en Belgique. Il y a beaucoup de pays qui ont tendance à essayer de se mêler aux affaires belges, mais aussi aux affaires européennes basées en Belgique ou à l’OTAN. Les trois cibles, ce sont la Russie, sans surprise, la Chine et l’Iran. Pour l’Iran, on avait déjoué à la fin du mois de juin, à Bruxelles, un complot terroriste visant des opposants iraniens à Paris. Ce complot était directement lié aux services de renseignements iraniens. La Chine, c’est autre chose. Elle s’intéresse énormément à la connaissance, aux transferts de technologies, légaux et illégaux. Et également aux renseignements économiques et politiques autour des structures internationales. Elle est très active via des écoles, des centres culturels, des diplomates ou des journalistes.

À lire aussi

Sélectionné pour vous