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A l'affût des signes de rebond de l'épidémie

Nouveaux cas, hospitalisations, admissions en réa, taux de reproduction du virus... Avec la levée progressive du confinement, quelques indicateurs clés vont être surveillés de très près dans les prochaines semaines, pour pouvoir réagir en cas de rebond problématique de l'épidémie.

"On part d'une situation plutôt favorable à l'issue du confinement mais le virus est toujours là et tout allègement, même s'il résulte comme aujourd'hui d'une décision de l'Etat, va conduire à une augmentation du nombre de cas", prévient Daniel Levy-Bruhl, épidémiologiste à Santé Publique France.

"Toute la question est de savoir si la société sera en mesure de maintenir cette augmentation dans des niveaux acceptables", c'est-à-dire "gérables" pour le système de santé, indique-t-il. "Il faut que cette augmentation soit limitée sinon on risque de devoir revenir en arrière".

Le ministre de la Santé Olivier Véran a d'ailleurs prévenu: "si le virus devait reprendre sa course folle (...) nous serions amenés à prendre de nouveau des mesures de confinement".

Mais les autorités disposent d'indicateurs de suivi pour détecter les signes d'un tel rebond le plus précocement possible, pour tenter de le freiner à temps.

Pour pouvoir mettre en place des "mesures correctrices si on a l'impression que ça repart", note Bertrand Guidet, chef de service de médecine intensive réanimation à l'hôpital Saint-Antoine à Paris.

Arrivées dans les hôpitaux

Deux chiffres clé vont continuer à être scrutés attentivement: les hospitalisations et les admissions en réanimation.

Après un pic à plus de 7.148 le 6 avril, le nombre de malades en réanimation est redescendu à moins de 3.000.

Et compte tenu du temps d'incubation (jusqu'à 14 jours) et du délai entre le début des symptômes et la survenue de formes graves, "je pense que le mois de mai va être plutôt calme" côté réanimation, indique le Dr Guidet à l'AFP.

Malgré tout, l'AP-HP a demandé à ses hôpitaux de "réarmer" des lits de réanimation en prévision d'un nouvel afflux de patients, précise-t-il.

Mais dans les hôpitaux, avant les admissions en réanimation, c'est l'augmentation des passages aux urgences qui devrait être le premier signal d'alarme.

"Ce sera un indicateur assez précoce et assez sensible", commente le Dr Guidet. Tout comme les recours à SOS-médecin également surveillés par Santé Publique France, ou encore les appels au Samu.

Nouveaux cas

Toutes les personnes présentant des symptômes sont désormais encouragées à se faire dépister, ainsi que les cas contacts des patients positifs. L'évolution du nombre de nouveaux cas devrait donc être plus pertinente pour surveiller l'épidémie.

Grâce au nouveau système d’information de dépistage "Si-Dep", qui va collecter les résultats des tests virologiques, de nouveaux indicateurs vont être disponibles dans les prochains jours, notamment le nombre de nouveaux cas et le taux de positivité.

"C'est un indicateur intéressant parce qu'il est précoce (...) et il a vocation à être exhaustif, avec tous les laboratoires connectés. Ça permettra de suivre à un niveau territorial fin la dynamique épidémique", commente Daniel Lévy-Bruhl.

Mais pour cela, il faut que la population adhère à la nouvelle politique de tests massifs.

Alors "testez-vous en cas de symptômes pour ne pas être à l'origine d'une chaîne de transmission silencieuse qui risque de mettre à mal tous les efforts que vous-mêmes et vos proches avez consentis pendant ces huit semaines", plaide l'épidémiologiste.

Taux de reproduction

A partir des données et de modélisations mathématiques, on peut calculer le taux de reproduction effectif (R) du virus, c'est-à-dire le nombre moyen de personnes qu'un malade contamine.

Grâce au confinement, ce chiffre est tombé à 0,6 selon le ministre de la Santé.

"Tant que le R reste sous 1, tout va bien, ça signifie que l'épidémie reste en décroissance", explique Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS à l'université de Montpellier.

L'épidémie repart dès qu'il dépasse 1. "Si c'est juste un peu au dessus de 1, l'épidémie est en croissance, mais très lente, et en pratique à court terme les services de réanimation ne seraient pas saturés", note le spécialiste des maladies infectieuses. Mais "s'il est très supérieur à 1, à 1,5 ou 2, l'épidémie est vraiment en croissance forte".

Il sera difficile de savoir quel scénario se dessine "avant fin mai-début juin", poursuit le chercheur. Voire plus tard si le chiffre est très proche de 1 à ce moment là.

Quant à prédire quel scénario est le plus probable, beaucoup dépendra du comportement des Français, insistent les experts. Comportement dans "4 piliers", note Daniel Lévy-Bruhl: "respect des gestes barrière, distanciation physique, se faire tester en cas de symptômes et s'isoler si besoin".

Eaux usées ?

Alors que le virus se retrouve dans les selles des personnes infectées puis dans les eaux usées, une surveillance des stations d'épuration pourrait aussi permettre de détecter une reprise de l'épidémie.

"Le virus est détecté dans les eaux usées de façon très précoce par rapport à l'apparition des signes cliniques", explique à l'AFP Vincent Maréchal, virologue à Sorbonne université.

Avec le laboratoire d'Eau de Paris, il a mis en place un suivi dans trois stations d'épuration de la capitale depuis début mars, qui a montré une hausse puis une baisse de la quantité de virus, en suivant l'évolution de l'épidémie.

"Nous avons mis en place des points de prélèvement dans l'Est et à Clermont-Ferrand, et nous comptons élargir le réseau sur l'ensemble du territoire".

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