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Contrairement à une idée reçue, les élèves français ne sont pas aussi mauvais en langues qu'on le pense, mais le bât blesse encore à l'oral, souligne jeudi une étude, qui préconise notamment de mieux former les enseignants du primaire.
Depuis 2010, les petits Français ont fortement progressé en langues, au primaire comme au collège, et ont globalement de "bons résultats" en compréhension de l'écrit d'une langue étrangère, indique le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco).
En compréhension de l'oral, le niveau s'améliore également, même si quatre élèves sur dix rencontrent encore des difficultés, selon son étude qui analyse les données de l'enquête "Cedre" de 2016, mesurant les compétences des élèves en fin d’école et de collège.
Des résultats qui font dire à Nathalie Mons, la présidente du Cnesco, que "la caricature, selon laquelle les Français sont nuls en langues, doit être tempérée".
Ces progrès s'expliquent notamment par une place croissante de l'anglais, au quotidien. Par exemple, 91% des élèves de Troisième déclarent très souvent entendre cette langue à travers la musique qu'ils écoutent.
Malgré tout, les élèves français continuent de rencontrer de réelles difficultés pour s'exprimer dans une langue étrangère: en fin de collège, 75% n'arrivent pas bien à se faire comprendre en anglais; il sont 73% en espagnol et 62% en allemand.
En expression écrite, seul un sur deux atteint le niveau requis au primaire en anglais.
Leurs résultats restent ainsi bien inférieurs à ceux de leurs camarades européens: seuls 29% des 14-16 ans atteignent le niveau attendu en fin de collège. Parmi les pays qui réussissent le mieux se distinguent la Suède et les Pays-Bas, mais aussi des pays d'Europe centrale comme la Hongrie.
Ces pays ont débuté plus tôt l'enseignement des langues au primaire (dans les années 60 et 70), contrairement à la France qui a été l'un des derniers pays européens à le faire, au début des années 2000.
Aujourd'hui, elle fait partie des pays ayant le plus d'heures durant la scolarité obligatoire. Le retard est donc rattrapé... sur le papier.
- Travail sur les sons -
"C'est au primaire qu'il y a sans doute les marges de progression les plus importantes", estime Nathalie Mons.
Afin d'améliorer le niveau des élèves français, plusieurs acteurs de terrain ayant participé à l'étude du Cnesco préconisent de travailler l'oral de manière progressive, de la maternelle au lycée.
"Dès la maternelle, il faudrait privilégier le travail sur les sons, la musicalité des langues, avec l'écoute de chants et de comptines", prône ainsi Laury Marion, professeure des écoles à Bordeaux.
Autre idée: proposer des cours de langues d'une durée plus courte, mais plus régulièrement, par exemple des séances quotidiennes de 20-25 minutes au primaire, au lieu de deux de 45 minutes.
Mais c'est peut-être sur le front de la formation des enseignants que le plus dur reste à faire. Seuls 10% des professeurs du primaire sont issus de filières de langues étrangères. Dans le premier degré, les professeurs d'école doivent enseigner une langue vivante étrangère sans être suffisamment préparés, en formation initiale comme en formation continue, relève le Cnesco.
Pour les auteurs du rapport, il faudrait ainsi remettre en place au concours d'entrée de professeur des écoles une épreuve de langues, qui a été supprimée en 2007.
Cette faiblesse de la formation a des incidences sur les pratiques: au primaire, trop souvent les cours se focalisent sur le lexique, comme l'enseignement des couleurs ou des jours de la semaine, alors qu'il serait utile d'initier les jeunes enfants à la "phonologie" (étude du langage par les sons), poursuit le Cnesco.
En septembre, un rapport sur l'apprentissage des langues étrangères en France, remis au ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, recommandait déjà un apprentissage précoce de l'anglais. Le ministre doit présenter son plan pour les langues jeudi prochain.