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Le bureau de liaison intercoréen que Pyongyang a détruit mardi avait été ouvert en septembre 2018, en application d'un accord conclu cinq mois plus tôt lors du premier sommet entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président sud-coréen Moon Jae-in.
Cette institution avait ses quartiers dans un bâtiment de quatre étages dans une zone industrielle de la ville nord-coréenne de Kaesong, où des entreprises sud-coréennes employaient naguère des Nord-Coréens dont les salaires étaient versés aux autorités du Nord.
Il s'agissait du premier instrument physique permanent de communication ouvert entre Nord et Sud. Il abritait des représentants des deux parties, afin de permettre des face-à-face à tout moment.
Les Sud-Coréens en occupaient le deuxième étage et les Nord-Coréens le quatrième. Les rencontres avaient lieu au troisième.
Une vingtaine de fonctionnaires des deux pays étaient basés dans cet immeuble, chaque groupe dirigé par un responsable avec rang de vice-ministre.
Il avait été ouvert dans le contexte de l'extraordinaire détente apparue en 2018 sur la péninsule, alors que MM. Moon et Kim se préparaient à se rencontrer pour la troisième fois.
On était en septembre 2018, trois mois après le sommet historique entre le dirigeant nord-coréen et le président américain Donald Trump à Singapour.
A l'époque, le ministère sud-coréen de l'Unification, qui s'occupe des questions intercoréennes, le présentait comme "un canal de consultation et de communication" ouvert 24 heures sur 24, toute l'année, pour développer les relations intercoréennes, améliorer les relations entre les Etats-Unis et le Nord, et apaiser les tensions militaires.
Le bureau était occupé cinq jours sur sept, avec des fonctionnaires d'astreinte les week-ends.
Mais les relations intercoréennes se sont graduellement dégradées dans la foulée du fiasco du deuxième sommet entre MM. Trump et Kim, en février 2019 à Hanoï. Et les travaux du bureau de liaison ont été suspendus en janvier en raison de la pandémie de coronavirus.
Kaesong se trouvait initialement dans la zone de contrôle du Sud quand Moscou et Washington divisèrent la péninsule à la fin de la colonisation japonaise, après la Deuxième guerre mondiale. La ville s'est retrouvée du côté Nord après la Guerre de Corée (1950-1953) qui s'est terminée sur un armistice et non un traité de paix.
La zone industrielle intercoréenne de Kaesong, où environ 53.000 employés nord-coréens travaillaient pour 120 entreprises sud-coréennes à la fabrication de produits divers comme des montres ou des vêtements, avait ouvert en 2004.
Elle avait été créée alors que la Corée du Sud était présidée par le libéral Roh Moo-hyun, héritier de la politique de rapprochement avec le Nord lancée par son prédécesseur, et elle était saluée à l'époque comme le symbole de la coopération.
Mais elle fut fermée par la présidente conservatrice Park Geun-hye en 2016 en représailles au quatrième essai nucléaire nord-coréen. Séoul accusait Pyongyang de détourner les revenus de Kaesong pour financer ses programmes militaires interdits par la communauté internationale.