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Vos interrogations sont nombreuses, concernant le fonctionnement des soins intensifs du pays. Maxime par exemple, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous, à la recherche de réponses : "Avec le coronavirus on parle toujours de la saturation des hôpitaux. Mais qu'en est-il de l'occupation de ces lits en soins intensifs le reste du temps? J'entends cette semaine que le CHU de Charleroi compte 40 lits avec respirateurs, sont-ils 100% inutilisés en temps normal? Et où sont les autres malades en cette période de coronavirus?", s'interroge-t-il.
Sylvain Bayet, chargé de communication aux cliniques Universitaires Saint-Luc à Bruxelles et Frédéric Dubois, directeur de la communication du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Charleroi, ont pu répondre à vos questions les plus fréquentes.
Quels patients sont pris en charge aux soins intensifs en temps normal?
"Ce sont des patients dont l’état est critique, dont les paramètres vitaux doivent être surveillés en continu, de jour comme de nuit", nous explique Sylvain Bayet.
Au CHU de Charleroi, actuellement seul l'Hôpital Civil Marie Curie accueille des patients COVID-19. "Cet hôpital est certifié trauma center suprarégional. En temps normal, il prend en charge les polytraumatisés, les victimes d'AVC ou d'accidents cardiaques par exemple", dit Frédéric Dubois.
Où sont les patients qui y étaient soignés avant la pandémie?
Que ceux qui en doutaient se rassurent, aucun patient suivi aux soins intensifs n'a été "mis dehors"!
Le service des soins intensifs d’un hôpital est composé lui-même de plusieurs unités. "Certaines unités ont été dédiées uniquement à la prise en charge du Covid-19" renseigne le chargé de communication des Cliniques Saint-Luc. Les patients au service des soins intensifs atteints du coronavirus sont donc strictement séparés de ceux qui y sont traités pour d'autres raisons. À Charleroi, les USI (Unités de Soins Intensifs) sont séparées en quatre unités. Deux d’entre elles sont désormais dédiées au Covid-19 et les deux autres concernent des soins intensifs "traditionnels".
Des lits étaient-ils vides dans ces unités de soins intensifs avant l'épidémie de coronavirus en Belgique ? Pas vraiment. "Ces unités sont simplement encore plus remplies qu’avant", dit Sylvain Bayet.
Quelle est la différence entre un service de soins intensifs et un autre service au sein d’un hôpital?
"Les unités de soins intensifs sont encore plus appareillées que les autres. Elles peuvent admettre des patients sous respiration artificielle. Il y a aussi des respirateurs dans d'autres services, mais en moins grande quantité", nous dit-on du côté des Cliniques Saint-Luc.
Frédéric Dubois ajoute que "pour les patients, le CHU Charleroi dispose de respirateurs en suffisance pour la capacité d’accueil, ainsi que de plusieurs ECMO." L'ECMO est un appareil qui joue le rôle des poumons. Le sang est extrait du corps et oxygéné avant d'être renvoyé dans la circulation sanguine du corps. Il s'agit d'un traitement de dernier recours pour des patients en état de défaillance cardiaque et/ou respiratoire sévère voire irréversible.
Le personnel des soins intensifs est-il formé spécifiquement?
"Oui, ce sont des médecins et infirmiers intensivistes, ils sont spécialement formés", nous apprend Sylvain Bayet. "Comme aux urgences, les médecins et infirmiers de ce service ont une sous spécialité ou une formation particulière."
Quelle est la particularité d'une unité de soins intensifs dédiée aux patients atteints du Covid-19?
"Cela implique toute une série de mesures d’hygiènes hospitalières en plus que celles qui existent déjà en soins intensifs. Elles sont mises en place pour éviter la contamination du personnel mais aussi la contamination entre les patients", explique Sylvain Bayet pour les Cliniques Saint-Luc de Bruxelles.
Frédéric Dubois, pour le CHU Charleroi, détaille ces mesures : "Évidemment, les équipements du personnel sont très différents dans les unités de soins intensifs Covid-19: le personnel, qui doit suivre une formation spécifique pour travailler dans ce service, suit une procédure stricte d’habillage et de déshabillage (masques FFP2, combinaisons étanches, gants, casques à visière, etc)".
La situation est sous contrôle mais...
À Charleroi comme à Bruxelles, la situation est pour l'instant toujours sous contrôle, même si du côté de l'Hôpital Civil Marie Curie comme de celui des Cliniques Universitaires Saint-Luc, on est loin d'être en phase de baisser la garde ou de diminuer la pression.
"La situation est toujours très tendue, il ne faut pas croire que c'est facile", nous dit-on à Bruxelles. "Ce jeudi, on tournait autour des 26 patients aux soins intensifs et positifs au Covid-19". En tout, l'hôpital dispose de 35 places, mais Sylvain Bayet nous rassure: "Éventuellement, ce chiffre peut être augmenté jusqu'à un peu moins de 50 lits".
À Charleroi, les unités de soins intensifs sont séparées en quatre unités de 32 lits au total. "Deux unités de 8 lits sont dédiées au COVID actuellement, avec 13 patients positifs".
À l'hôpital Marie Curie aussi, des solutions existent si la demande augmente. "L'évolution des cas de Covid aux soins intensifs est relativement stable en comparaison des hospitalisations dans nos unités Covid: 75 patients suspects ou confirmés à la date d’aujourd’hui nécessitent une hospitalisation mais pas de prise en charge aux soins intensifs. Mais nous sommes prêts à ouvrir une troisième unité de 8 lits aux soins intensifs en rapatriant, le cas échéant, des patients "covid négatifs" sur l’hôpital André Vésale de Montigny-le-Tilleul qui dispose aussi d’une unité de soins intensifs de 9 lits".
Va-t-on manquer de personnel qualifié?
Comme Sylvain Bayet, Frédéric Dubois rassure mais ne crie pas victoire. "Actuellement donc, nos unités de soins intensifs ne sont pas débordées, même si la charge de travail est lourde. La répartition a également été enclenchée sur le Hainaut, ce qui implique que nous pouvons recevoir des patients issus d’autres sites engorgés, comme c’est le cas dans la région de Mons. Nous avons d’ailleurs déjà accueilli au moins un patient montois".
Si des solutions existent pour la répartition des patients, l'hôpital Marie Curie espère ne pas manquer de personnel. "La crainte reste d’avoir du personnel qualifié (puisqu’il faut une formation spécifique) en suffisance si nous connaissons une saturation dans les prochaines semaines."