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Enfoncé par la crise du Covid-19, le constructeur automobile Renault a dévoilé vendredi un vaste plan d'économies avec près de 4.600 suppressions de postes en France, où la deuxième phase du déconfinement s'organise.
Le gouvernement a donné jeudi son feu vert à la levée de nombreuses restrictions, notamment la suppression de la limite des déplacements à plus de 100 km du domicile, la réouverture des lycées, des cafés-restaurants et des parcs.
Plus aucun département n'est en zone rouge, mais ceux de l'Ile-de-France, la Guyane et Mayotte sont en orange. Le déconfinement y sera donc "un peu plus prudent que dans le reste du territoire", a précisé le Premier ministre Edouard Philippe.
Cet assouplissement a été rendu possible par les "bons résultats" sur le front de l'épidémie, à commencer par la baisse continue, depuis le 9 avril, du nombre de malades soignés en réanimation.
Au total, le Covid-19 a tué 28.714 personnes, selon le bilan publié vendredi, alourdi de 52 nouveaux morts par rapport à celui de la veille.
Depuis la levée du confinement le 11 mai, 109 foyers (ou "clusters") ont été repérés en France mais aucun n'a pour l'instant été à l'origine d'une dissémination de l'épidémie, selon l'agence sanitaire Santé publique France, qui estime qu'il n'y a "pas de signaux en faveur d'une reprise de l'épidémie".
Malgré les bons indicateurs sanitaires, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer a expliqué vendredi qu'il n'y aurait pas d'allégement du protocole qui encadre l'accueil des élèves d'ici les vacances d'été le 4 juillet.
Actuellement, plus de 80% des écoles ont été rouvertes mais elles n'accueillent que 22% des écoliers français, en raison notamment de ces règles extrêmement strictes.
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a fait par ailleurs appel vendredi sur RTL "à la responsabilité et au civisme" des Français pour cette phase 2 du déconfinement. La règle des 100 km est "encore en vigueur ce week-end" et il y aura des "contrôles", a-t-il averti.
Dans les zones où ils étaient restés fermés, les parcs et jardins peuvent être rouverts à partir de samedi par les mairies, mais avec précaution. Les plages et les lacs devraient être de nouveau accessibles progressivement à partir du 2 juin. Autre marqueur de l'été, les mariages pourront aussi être célébrés, a indiqué Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement.
- Chute du PIB -
"Cet été il nous faudra garder en mémoire que le virus est toujours là (...) il ne faut toujours pas se faire de bisous, toujours pas se serrer la main, et garder ses distances de protection", a souligné Sibeth Ndiaye.
Les grands musées devraient rouvrir progressivement d'ici la mi-juillet, avec port du masque obligatoire et visites sur réservation.
A Paris, les Galeries Lafayette vont rouvrir samedi matin suite au feu vert de la préfecture de police, avec un nombre de clients limité et des précautions pour que les clients se croisent le moins possible.
L'urgence pour l'exécutif est aussi de relancer la machine économique.
La chute du PIB a français atteint 5,3% au premier trimestre, avant un plongeon attendu au deuxième trimestre. Et le chômage a fait un bon spectaculaire de 22% en avril, avec 843.000 demandeurs d'emploi supplémentaires selon Pôle emploi.
Autre mauvaise nouvelle : l'annonce par Renault de la suppression de près de 4.600 emplois en France, sur 48.000, dans le cadre d'un plan d'économies de 2 milliards d'euros sur trois ans.
Le plan s'appuie "sur des mesures de reconversion, de mobilité interne et des départs volontaires", a précisé Renault.
Les difficultés du constructeur, qui avait publié en février ses premières pertes annuelles en dix ans et est en surcapacités de production, ont été aggravées par la crise.
Une grève a été lancée dès vendredi matin dans l'usine de Maubeuge (Nord), où le constructeur fabrique des utilitaires électriques Kangoo. Une production qui doit être transférée à Douai (Nord).
- 4,5 milliards d'euros pour les collectivités -
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a appelé les Français à "ressortir" et "consommer" les 60 milliards d'euros "mis en épargne" pendant le confinement afin de "combattre" la crise économique et sociale. Depuis la fin du confinement le 11 mai, l'activité a "redémarré" mais "c'est quand même très progressif", a souligné Mme Pénicaud.
Le gouvernement a par ailleurs présenté vendredi un plan global d'urgence pour les collectivités de 4,5 milliards d'euros, dont 2,7 milliards d'euros pour les départements.
Le matin, Edouard Philippe avait déjà dévoilé une enveloppe de 1,75 milliards pour les communes et intercommunalités, qui comprenait 750 millions d'euros de compensations liées aux pertes de recettes fiscales.
Le gouvernement, qui a triplé le fonds créé pour encourager la pratique du vélo, aidera par ailleurs ces collectivités à pérenniser les pistes cyclables temporaires mises en place dans le cadre du déconfinement, a indiqué vendredi la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne.
Sur le front social, griefs et crispation s'accumulaient vendredi face au "Ségur de la Santé", vaste concertation lancée lundi en grande pompe par Édouard Philippe afin de concrétiser les hausses de salaires et de moyens promis pour les soignants.
Polémiques sur les participants et sur les prises de parole, incompréhension face à des messages jugés contradictoires... Cinq jours après son coup d'envoi, les critiques s'accumulent et certains dénonçant déjà une "parodie de concertation".