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Le juge Brett Kavanaugh a prêté serment samedi à la Cour suprême, quelques heures après la confirmation de sa nomination par le Sénat, qui constitue une grande victoire pour le président Donald Trump à un mois d'élections cruciales de mi-mandat.
"C'est une soirée historique", a lancé M. Trump lors d'un rassemblement électoral à Topeka, dans le Kansas. "Je me tiens devant vous aujourd'hui après une formidable victoire pour notre nation, pour notre peuple et pour notre bien-aimée Constitution", a déclaré le président sous les acclamations de la foule.
Le Sénat a approuvé la nomination du juge Kavanaugh à la Cour suprême à une très courte majorité (50-48), mettant un terme à un processus de confirmation chaotique marqué par des accusations d'agression sexuelle contre le magistrat.
"J'applaudis et je félicite le Sénat pour la confirmation de notre formidable candidat", a tweeté M. Trump après le vote.
Les accusations contre le juge ont accentué les clivages au sein de la société américaine et des milliers de personnes ont protesté à travers les Etats-Unis contre la confirmation de Brett Kavanaugh.
- Cris de protestation -
Un millier de manifestants ont passé la journée de samedi devant la Cour suprême, située à quelques dizaines de mètres du Capitole. Après le scrutin, certains ont exprimé leur colère en frappant sur les portes de bronze du bâtiment de marbre blanc, et la police est intervenue.
Dans l'hémicycle, le vote a été plusieurs fois interrompu par des cris de protestation venus de la galerie du public.
Le Sénat, qui donne le feu vert pour les nominations à vie au sein du temple du droit américain, a suivi les lignes partisanes --les républicains votant pour et les démocrates contre -- à l'exception d'un élu démocrate. La républicaine de l'Alaska Lisa Murkowski, qui avait annoncé qu'elle voterait non, s'est finalement abstenue.
L'élue, qui remettra son mandat en jeu en 2022, s'est pourtant attiré les foudres du président. "Elle ne s'en remettra pas. Je pense que les gens de l'Alaska ne lui pardonneront jamais pour ce qu'elle a fait", a déclaré M. Trump.
A 53 ans, le juge Kavanaugh va ainsi rejoindre la plus haute juridiction des Etats-Unis, qui vérifie la constitutionnalité des lois et arbitre les conflits les plus délicats de la société américaine (droit à l'avortement, peine de mort, encadrement des armes à feu, mariage homosexuel, protection de l'environnement...).
Donald Trump peut crier victoire. Comme promis pendant la campagne, il a fait pencher l'institution dans le camp conservateur en nommant deux juges depuis son entrée en fonction. Les "progressistes" sont désormais en minorité (quatre sur neuf).
C'est un revers pour les démocrates et défenseurs des droits civiques qui s'étaient mobilisés dès sa nomination en juillet pour tenter d'empêcher la confirmation du juge Kavanaugh.
Mais la candidature de Brett Kavanaugh, un brillant magistrat formé à l'université de Yale, a déraillé quand une femme l'a accusé mi-septembre d'une tentative de viol remontant à une soirée entre lycéens en 1982.
Cette accusation a provoqué un choc, près d'un an après le lancement du mouvement #MeToo contre les violences sexuelles.
Lors d'une audition au Sénat suivie par vingt millions d'Américains, Christine Blasey Ford, universitaire de 51 ans, s'est dite sûre "à 100%" d'avoir été agressée par M. Kavanaugh alors qu'elle n'avait que 15 ans et lui 17.
En colère, le magistrat a clamé son innocence et s'est dit victime d'une campagne de dénigrement orchestrée par l'extrême gauche.
Sous la pression d'élus indécis, le Sénat a alors reporté sa décision d'une semaine.
Un rapport complémentaire de la police fédérale (FBI) a toutefois conforté les républicains, qui n'y ont "rien" trouvé de compromettant. Pour les avocats de Mme Ford, ce rapport n'est pas "significatif" car ni Mme Ford ni le juge Kavanaugh n'ont été interrogés.
- "Votez" -
Donald Trump espère que ce succès politique, couplée à une ligne dure sur l'immigration et à une économie en pleine croissance, poussera ses partisans à le remercier dans les urnes lors des "midterms", et à lui offrir une majorité plus confortable au Congrès.
"Les républicains vont très bien s'en sortir", a-t-il dit samedi à des journalistes l'accompagnant au Kansas. "Nous bénéficions d'un dynamisme que l'on avait pas vu depuis des années".
Les démocrates espèrent, eux, que cette nouvelle polémique mobilisera l'électorat féminin et leur permettra de reprendre le contrôle du Congrès.
"Nous sommes déçues. Nous sommes furieuses. Mais nous exprimerons notre colère aux élections", a mis en garde sur Twitter l'organisation d'aide aux candidates démocrates Emily's List.
"Aux Américains, à tous les millions de gens outrés par ce qu'il s'est passé ici, il n'y a qu'une réponse: votez", a lancé samedi avant le vote au Sénat le chef de la minorité démocrate, Chuck Schumer.