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Le point sur les feux dévastateurs en Europe: premiers incendies en Espagne, flammes maîtrisées en Grèce, situation "critique" en Italie

Le bassin méditerranéen est le théâtre, depuis plusieurs semaines, de feux dévastateurs. La Grèce, l’Algérie, l’Italie, la Turquie, l'Albanie… et maintenant l’Espagne. Les flammes guettent aussi le Portugal qui est en "alerte maximale". On fait le point sur la situation dans ces différents pays.

ESPAGNE

En Espagne, la situation est inquiétante. Alors qu’un risque "très élevé" d’incendies avait été déclaré ce jeudi dans la péninsule ibérique, les trois premiers incendies ont éclaté dans le nord-est de l’Espagne. Le ministère espagnol de la Transition écologique a annoncé dans un tweet avoir envoyé "six moyens aériens de lutte contre le feu" pour les combattre, en appui des moyens déployés par les gouvernements régionaux concernés.

Les feux sont survenus en Aragon, dans la Rioja et en Catalogne. C’est dans la dernière région que l’incendie était le plus important, puisqu’il s'est déclaré dans une zone forestière protégée sur la côte de la province de Tarragone. Ce vendredi dans la matinée, le département des pompiers de la Catalogne a indiqué qu'une centaine de pompiers ont lutté toute la nuit pour venir à bout d'un feu qui a détruit environ 75 hectares de cette zone forestière. Les hommes du feu sont finalement parvenus à maîtriser les flammes. Mais le risque d’incendie est classé "extrême" dans une grande partie du pays ce vendredi, selon l'Agence météorologique nationale (AEMET).

Sur les 17 régions que compte l'Espagne, 15 faisaient face à des températures anormalement élevées pour la saison, l'AEMET prévoyant des températures maximales comprises entre 36 et 40°C. Le pic de cette vague de chaleur caniculaire est attendu samedi et dimanche, l'AEMET estimant même que les températures pourraient atteindre 46°C à Cordoue, en Andalousie (sud).

Cette donnée "est conforme avec le récent rapport" des experts climat de l'ONU (Giec), publié lundi, a commenté un expert américain de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), Robert Stefanski, dans une interview publiée vendredi par le quotidien espagnol El País. L'actuelle vague de chaleur dont souffre l'Espagne "est un échantillon de ce qui va venir", a-t-il poursuivi. Les températures, a ajouté M. Stefanski, "continueront d'augmenter tant que nous ne diminuerons pas les émissions de gaz à effet de serre". Les scientifiques considèrent que ces canicules à répétition sont le produit du réchauffement de la planète et que les vagues de chaleur sont appelées à se multiplier, s'allonger et s'intensifier.

PORTUGAL

Au Portugal également, le risque d’incendies inquiète. L’alerte est "maximale" dans les régions nord et centre de l’intérieur du pays, ainsi qu’une partie de l’Algarve (sud), a signalé Météo Portugal. Le gouvernement a placé 14 des 18 régions sous alerte incendie à partir de vendredi midi et jusqu'à lundi minuit. "Nous savons déjà que les prochains jours vont être difficiles", a prévenu jeudi le Premier ministre Antonio Costa. Evoquant "un défi permanent qui est le résultat des changements climatiques", il a appelé la population à éviter les "comportements à risque".

Mais aucun incendie n’est pour le moment à déplorer. Le Premier ministre portugais, Antonio Costa, appelle les Portugais à être vigilent et à éviter les "comportements à risque". Et d’ajouter : "Nous savons déjà que les prochains jours vont être difficiles. Nous sommes face à un défi permanent qui est le résultat des changements climatiques."

Ces risques sont la conséquence d’une vague de chaleur importante que connaissent actuellement les deux pays de la péninsule ibérique. Selon les mesures de l’AEMET, les températures ont même atteint 42°C dans la province Ciudad Real, dans le Centre de l’Espagne, ce mercredi. Pour rappel, ces températures, très au-dessus des normales de saison, sont dues à l'arrivée d'une masse d'air très chaud en provenance d'Afrique du Nord, conjuguée à une forte exposition solaire.

ALGERIE

La rive sud de la Méditerranée n'est pas épargnée: dans le nord de l'Algérie, pompiers et volontaires luttent sans relâche contre des incendies qui ont déjà fait 71 morts. Végétation calcinée, bétail agonisant et villages assiégés: les feux ont en outre semé la désolation sur leur passage en Kabylie (nord-est).

La majorité des feux de forêts qui ravagent le nord de l'Algérie semblaient en voie d'être maîtrisés vendredi, notamment dans la région de Tizi Ouzou, la plus touchée, en Kabylie, selon les autorités. Après avoir annoncé "l'extinction ce matin de tous les feux de forêts déclenchés à Tizi Ouzou", la Protection civile a toutefois fait état de "cinq départs de feu" dans cette wilaya (préfecture).

Pompiers et volontaires continuent de lutter contre 35 feux dans 11 autres préfectures, notamment à Jijel, Bejaïa et Boumerdès, selon le dernier bilan de la Protection civile. Au total, 76 incendies ont été éteints - sur une centaine recensés jeudi - à travers 15 préfectures du pays. Deux avions anti-incendies français sont intervenus jeudi en Kabylie et trois autres bombardiers d'eau étaient attendus vendredi en provenance d'Espagne et de Suisse selon le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

Au moins 71 personnes ont péri dans ces incendies - d'origine "criminelle" selon les autorités - avivés par la chaleur extrême : 43 civils et 28 militaires. Le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé, jeudi dans la soirée, l’arrestation de 22 suspects accusés d’être "pyromanes", dont 11 à Tizi Ouzou. 

Face à ce drame, l’Algérie observe, depuis ce jeudi, un deuil national de trois jours et les drapeaux ont été mis en berne à Alger. Au deuxième jour de ce deuil national décrété pour honorer les victimes, une prière du défunt absent sera accomplie juste après la grande prière hebdomadaire musulmane du vendredi dans les mosquées d'Algérie.

Chaque année, le nord de l'Algérie est touché par des feux de forêt. En 2020, près de 44.000 hectares de taillis sont partis en fumée. Mais ce phénomène s'amplifie tandis que les incendies se multiplient sur la planète. Une vague de chaleur extrême doit se poursuivre jusqu'en fin de semaine au Maghreb, selon différents services météorologiques.

TUNISIE

La Tunisie est également touchée par cette vague de chaleur. Mercredi, le pays a enregistré un record absolu avec une température de plus de 50 degrés (50,3 C) à Kairouan (centre). Une trentaine d'incendies y ont été enregistrés depuis lundi, principalement dans les régions montagneuses du nord-ouest et le centre-ouest du pays, où plusieurs familles ont été évacuées, a indiqué jeudi la Protection civile.

"Quelques foyers de feu sont toujours actifs mais la plupart de ces incendies ont été maitrisés", a déclaré le général Moez Triaa, porte-parole de la Protection civile, à l'AFP jeudi. Selon ce dernier, ces incendies n'ont pas fait de victimes mais six maisons ont été "partiellement" brûlées. La cause de ces feux n’a pas pu être établie mais la Tunisie est touchée par des feux de forêt. Du 1er juin au 12 août, près de 5.000 hectares sont partis en fumée, d’après le général Triaa.

GRECE

Sur la rive nord de la Méditerranée, la Grèce a été l’un des pays les plus touchés ces deux dernières semaines. Depuis la fin juillet, les violents incendies ont ravagé plus de 100.000 hectares en Grèce. Mais, grâce à la pluie, les flammes semblent aujourd’hui se calmer et les incendies maitrisés. "Depuis hier (jeudi), il n'y a plus de front actif majeur, juste des poches éparses", a déclaré à l'AFP un porte-parole des pompiers, à la faveur des précipitations tombées sur plusieurs régions et à la chute des températures.

Les équipes de pompiers déployés par centaines, avec des renforts étrangers, restaient toutefois en alerte face aux risques de résurgence sur l'île d'Eubée, frappée la plus durement par ces feux, et dans la région d'Arcadie, sur la péninsule du Péloponnèse, selon la même source. Des vents importants sont cependant attendus durant le week-end, susceptibles de propager rapidement d'éventuels départs de feu. Des centaines d'habitations et de petites entreprises ont été emportées dans les flammes qui ont ravagé l'île d'Eubée, à 200 km au nord-est d'Athènes, mais aussi une partie du Péloponnèse et la grande périphérie d'Athènes depuis le 27 juillet. Ces incendies provoqués par des températures caniculaires début août ont également provoqué des dégâts environnementaux considérables.

ALBANIE

L’Albanie est aussi ravagée depuis deux semaines par des incendies. Mais les pompiers et l’armée ont pu les maîtriser. Quelques feux font encore rage à certains endroits mais les plus importants sont éteints, indique le ministère de la Défense jeudi. Deux victimes sont à déplorer. Une femme de 57 ans a succombé à ses blessures subies le 3 août dernier, son époux est également décédé. Le couple avait été piégé par les flammes, alors dans leur maison dans la région de Gjirokastra.

La ministre des Affaires étrangères albanaise Olta Xhaçka a remercié les pays européens qui ont contribué à lutter contre les incendies dévastateurs.

ITALIE

Signe que la guerre de l'Europe contre les feux cet été est loin d'être terminée et que le front s'est seulement déplacé: trois Canadair français dépêchés jusqu'ici en Grèce ont aussitôt été redéployés en Sicile, confrontée à des incendies tout comme sa voisine de Calabre, la pointe de la Botte italienne. A Tivoli, près de Rome, une centaine de personnes ont été évacuées en raison d'un incendie dans une réserve naturelle.

La situation est donc très critique en Italie, où les pompiers ont combattu un demi-millier d’incendies dans la nuit de mercredi à jeudi. Le bilan s’élève à 4 morts cette semaine. "528 interventions ont été effectuées au cours des douze dernières heures, dont 230 en Sicile, où la situation est actuellement sous contrôle", ont précisé les pompiers dans un communiqué ce jeudi.

Pour rappel, un anticyclone, baptisé Lucifer, traverse actuellement la péninsule, faisant exploser les thermomètres, avec notamment une température record de 48,8 degrés enregistrée mercredi en Sicile, qui si elle est homologuée serait un nouveau record européen. Cette vague de chaleur, qui doit se prolonger quelques jours, favorise les incendies, notamment dans les régions méridionales comme la Sicile et la Calabre (la pointe de la Botte italienne).

Le Premier ministre Mario Draghi a indiqué que le gouvernement mettrait en place "un programme de secours pour les personnes et entreprises affectées, parallèlement à un plan spécial de reforestation et de sécurisation du territoire".

TURQUIE

De son côté, la Turquie, à peine remise d'incendies meurtriers, a annoncé vendredi qu'au moins 31 personnes étaient mortes dans des inondations dans le nord du pays, conséquences elles aussi du réchauffement climatique. Ces inondations, causées par d'intenses précipitations dans la nuit de mardi à mercredi, se sont produites à un moment où la Turquie se remettait à peine de vastes incendies qui ont fait 8 morts et ravagé des régions touristiques du sud. 

Signe de la gravité de la situation, le président Erdogan est allé vendredi dans une des zones les plus durement touchées par les inondations, le district de Bozkurt, dans la province de Kastamonu, où, notamment, un immeuble d'habitations de huit étages s'est effondré. "Votre peine est notre peine à tous. L'État se tient à vos côtés avec tous ses moyens", a déclaré M. Erdogan, avant d'assister aux funérailles de victimes. 

Choqués, certains rescapés commençaient à exprimer leur colère à l'encontre des autorités locales, les accusant de n'avoir pas réagi assez vite pour mettre la population en sûreté. "On nous a seulement dit de mettre nos véhicules à l'abri, car la rivière risquait de déborder. On ne nous a pas dit de sauver nos vies ou celles de nos enfants", a ainsi déploré Arzu Yücel, dont les deux filles jumelles et les beaux-parents ont disparu après l'effondrement de leur immeuble. "Si on nous avait prévenus, nous serions partis en moins de cinq minutes (...) On ne nous a pas demandé d'évacuer", a-t-elle ajouté en sanglotant, citée par l'agence de presse DHA.

À la suite de précipitations nourries, dans certaines villes, l'eau a atteint jusqu'à quatre mètres de hauteur, selon les autorités, et les rues de cités entières se sont transformées en torrents charriant des voitures et toutes sortes de débris. Plusieurs ponts routiers se sont par ailleurs effondrés après des glissements de terrain. Près de 200 villages étaient toujours privés d'électricité vendredi, selon les autorités. Les services météorologiques prévoient une poursuite des précipitations sur les zones touchées pour le reste de la semaine. 

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