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Législatives en Malaisie: l'opposition parie sur un "tsunami musulman"

La coalition d'opposition en Malaisie parie sur un soutien appuyé des Malais ethniques, de religion musulmane, pour remporter une victoire qui s'annonce peu probable aux législatives mercredi, malgré les déçus qui se détournent de formations au pouvoir depuis 61 ans.

Le retour sur le devant de la scène politique de l'ancien charismatique Premier ministre Mahathir Mohamad, 92 ans, un ardent nationaliste malais propulsé à la tête de la coalition d'opposition, a dopé les partisans d'un changement de régime dans ce pays d'Asie du Sud-Est à majorité musulmane.

A en croire l'opposition, Mahathir peut déclencher un "tsunami malais" pour déloger l'actuel Premier ministre, Najib Razak, à la tête de la coalition au pouvoir depuis l'indépendance de l'ex-colonie britannique en 1957.

Excédé par un énorme scandale financier dans lequel Najib est empêtré, Mahathir est sorti de sa retraite pour défier son ex-protégé dans ce pays multiethnique, où les Malais représentent jusqu'à 60% des 32 millions d'habitants. Ils constituent depuis longtemps le socle électoral de la coalition du Barisan Nasional (Front national, BN) au pouvoir.

Parmi les minorités, les Chinois pratiquent le bouddhisme, le christianisme ou le confucianisme, et les Indiens sont essentiellement hindous.

Nombre d'électeurs malais, mécontents de l'augmentation du coût de la vie et de la corruption, abandonnent l’Organisation unifiée malaise (UMNO), parti de Najib majoritaire au sein de la coalition gouvernementale, à l'image d'Abdul Moktar Awalluddin, entrepreneur dans la petite ville de Kuala Pilah (centre).

"Trop c'est trop. Les Malais des zones rurales souffrent d'un point de économique, et nombre d'entre eux, y compris moi, voteront pour l'opposition dirigée par Mahathir Mohamad", a déclaré à l'AFP cet homme de 70 ans, adhérent de l'UMNO.

- Populaire parmi les Malais -

Najib devrait néanmoins rester Premier ministre à la faveur d'un système où une majorité simple au Parlement suffit, et d'un redécoupage électoral critiqué par l'opposition qui redoute des fraudes.

Mahathir mise sur sa popularité parmi les Malais pour tenter de créer la surprise mercredi. Nombre d'électeurs se souviennent de lui comme un soutien des musulmans majoritaires et comme le père de la Malaisie moderne, devenue un pays relativement prospère sous son règne (1981-2003).

Certains, en revanche, n'apprécient pas le retour du nonagénaire qui a été accusé de diriger le pays d'une main de fer et critiqué pour avoir jeté en prison des opposants.

Mahathir parvient néanmoins à attirer vers son nouveau parti, Bersatu, des Malais mécontents de l'UMNO dans les zones rurales.

"L'UMNO sous Najib n'a pas seulement déçu les Malais mais aussi les autres communautés", estime Eddin Syazlee Shith, ex-membre d'un parti de la coalition au pouvoir qui a rejoint la formation de Mahathir et est candidat aux législatives à Kuala Pilah.

Pendant la campagne, Najib a multiplié les tournées dans les zones rurales peuplées de Malais et mis en garde contre une victoire de l'opposition qui saperait selon lui les privilèges des musulmans majoritaires, qui bénéficient notamment d'une priorité pour des emplois dans le secteur public.

"Nous ne pouvons pas compter (sur l'opposition) pour prendre en compte nos intérêts, en particulier les habitants dans les zones rurales, les intérêts de l'islam et les intérêts des Malais", a lancé Najib lors d'un meeting électoral le weekend dernier dans l'Etat régional de Pahang (centre).

La plupart des analystes estiment que le nombre d'électeurs malais se détournant de la coalition au pouvoir ne sera pas suffisant pour une victoire de l'opposition.

Selon une enquête d'opinion réalisée en avril par le Centre Merdeka, institut indépendant, le BN a perdu 8% de soutiens parmi les électeurs malais mais ceux-ci sont divisés entre la coalition d'opposition dirigée par Mahathir et un parti islamique.

Pour nombre de Malais, il est difficile de se porter sur d'autres formations que celles de la coalition au pouvoir, observe James Chin, expert de l'Université de Tasmanie.

"Les Malais des zones rurales ont subi un lavage de cerveau depuis l'indépendance, il sera donc difficile pour eux d'abandonner l'UMNO", a estimé M. Chin.

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