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Les grandes marées, récurrentes à Mayotte, permettent de souligner la vulnérabilité de ce territoire de l'océan indien, menacée comme toute les îles par le réchauffement climatique, mais qui a en plus la particularité de s'affaisser avec la naissance d'un volcan sous-marin.
Le phénomène des grandes marées n'est pas nouveau dans le 101 département français. Elles sont observables tous les six mois. Mais les marées actuelles ont une différence plus importante que les marées d’équinoxe. Mardi, la plus grande a atteint 4,15 m.
Et cette année, un autre événement a changé la donne: la naissance du volcan sous-marin et l’affaissement de l’île.
"Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a mesuré un affaissement de l’île de 15 centimètres à l’est et huit centimètres à l’ouest. Avec ce phénomène de subsidence (ndlr: affaissement de la surface de la croûte terrestre) et les grandes marées, il y a un risque d’immersion qui peut être renforcé par la houle ou un vent d’afflux", explique Laurent Floch, directeur régional de Météo France.
Un volcan sous-marin a été découvert en mai au large de Mayotte. La vidange d'une ou plusieurs poches magmatiques vers le volcan a provoqué l'affaissement de l'île ainsi que son déplacement vers l'Est par basculement, ont expliqué les scientifiques.
Pour le géographe Saïd Saïd Hachime, coauteur de l’atlas des risques naturels et des vulnérabilités territoriales de Mayotte, ces grandes marées ont eu le mérite de "mettre en lumière une réalité planétaire et reconnue dans tous les territoires de la zone. Le rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) de 2013 estime que le niveau de la mer a augmenté de 19 cm de 1901 à 2010. Le rapport de 2018 estime qu’il pourrait monter d’1,10 d’ici 2100. Il faut en tenir compte, notamment dans l’aménagement et l’urbanisme".
- Anticipation -
Si les dernières grandes marées, survenues de dimanche à mardi, n'ont pas entrainé d'inondations dramatiques, elles ont aussi permis de voir le niveau de préparation des collectivités locales et des services de la préfecture en cas de sinistre.
Les autorités avaient multiplié les alertes depuis deux semaines, n'hésitant pas à interrompre les rotations des barges reliant la Grande Terre et la Petite Terre, ainsi qu'une partie du transport scolaire. Les horaires de vols avaient également été modifiés.
Car tout le monde avait en mémoire la fin du mois d’août, lorsqu'une partie du littoral mahorais s’est retrouvée pour la première fois immergée par la mer, notamment le boulevard des Crabes, l’artère qui relie en Petite Terre le rocher de Dzaoudzi à Pamandzi où est situé l’aéroport de Mayotte.
"Notre rôle est de faire de la prévention des risques. À Mayotte, il y a de nombreuses zones soumises à un aléa d’inondation et de submersion marine. Il y a un mois, c’était la première fois que l’on voyait l’eau inonder le boulevard des Crabes, alors que le temps était très clément", note Christophe Trollé, directeur de la DEAL (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement).
Mayotte n'en a pas fini avec les grandes marées. Le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM) prévoit une marée haute de 4,25 m dans la nuit du 28 au 29 octobre. Une autre grande marée est prévue fin novembre.